Dana Wesley | Services des droits de la personne
Partout au Canada, les communautés luttent contre la pandémie sur tous les fronts. Cette nouvelle situation met d’ailleurs en évidence les inégalités au sein de notre société, notamment celles vécues par les peuples autochtones. Pire, le sous-financement chronique des services et des infrastructures dans les communautés autochtones menace de transformer la crise de la COVID-19 en catastrophe.
Au Canada, les provinces ont déclaré l’état d’urgence et se préparent au pire. Le gouvernement fédéral a annoncé un financement de plus de 107 milliards de dollars pour aider les Canadiens et stimuler l’économie. De ce montant, seulement 305 millions de dollars sont destinés aux communautés autochtones. Alors que certains dirigeants autochtones s’en réjouissent, d’autres craignent que ce montant ne soit qu’une fraction de ce qui est nécessaire.
Le 24 mars dernier, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, a déclaré l’état d’urgence en raison de la pandémie de la COVID-19. Il a affirmé à cette occasion que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux n’ont pas répondu de façon appropriée aux besoins des communautés autochtones et a réclamé davantage de ressources et de soutien.
Si rien ne change, la COVID-19 se révèlera un véritable désastre. Les communautés autochtones du Canada sont déjà en queue de peloton selon tous les indicateurs de santé. Leur situation est aggravée par la pénurie de logements, le manque d’accès à des soins de santé adéquats et les avis d’ébullition de l’eau.
L’Agence de la santé publique du Canada affirme que la meilleure façon de prévenir la propagation de la COVID-19 est de se conformer aux directives de distanciation physique et du lavage des mains. Il est presque impossible pour les populations autochtones de suivre ces directives, étant donné qu’elles vivent dans des logements surpeuplés et sans eau potable.
Ce sont les communautés autochtones qui ont été touchées le plus durement lors des pandémies antérieures au Canada. En 2009, le virus H1N1 s’est rapidement propagé dans le monde entier et n’a pas épargné les communautés autochtones du Canada. Les dirigeants autochtones ont réclamé le soutien des gouvernements, mais les retards bureaucratiques se sont multipliés.
Lors de la pandémie du H1N1, les peuples autochtones du Canada étaient plus susceptibles d’être infectés, hospitalisés et gravement atteints, par rapport aux Canadiens non autochtones. Plusieurs Premières Nations du nord du Manitoba ont demandé des équipements médicaux et l’aide de Santé Canada. Comme réponse, elles ont reçu des sacs mortuaires. Santé Canada a présenté ses excuses, mais le message aux communautés autochtones était clair : elles ne peuvent pas compter sur le Canada pour les aider en situation de crise.
Le gouvernement fédéral demande présentement aux communautés autochtones de mettre à jour leurs plans d’urgence en cas de pandémie et de se préparer à s’occuper des personnes atteintes. Le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a dit : « Il ne s’agit pas de déterminer si le virus va toucher les communautés autochtones, mais quand ».
En quelques semaines, le Canada a fait d’énormes progrès pour reconnaître la gravité de la COVID-19, mais on ne sait pas encore dans quelle mesure Ottawa a tiré des leçons de la pandémie H1N1 et de ses impacts sur la santé dans les communautés autochtones.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent donc s’engager davantage envers les communautés autochtones et s’efforcer d’atténuer l’impact de la COVID-19 sur les plus vulnérables pour empêcher que l’histoire ne se répète.