En septembre, le SCFP accueillait sa nouvelle économiste, Angella MacEwen. Au cours des six dernières années, elle a travaillé comme économiste au Congrès du travail du Canada. Économiste progressiste, elle est bien connue dans les médias nationaux pour ses analyses fouillées et sa capacité à démolir les arguments des commentateurs de droite lors d’émissions comme Power and Politics au réseau anglais de Radio-Canada
Pourquoi avez-vous décidé d’étudier l’économie ?
Lors de mes études en développement international, j’ai suivi un cours optionnel en économie. Ce cours intitulé Les femmes et l’économie a changé ma perception des sciences économiques. J’ai constaté que cette discipline peut avoir des effets positifs ! J’ai également réalisé que certaines personnes ont plus de pouvoir de négociation économique que d’autres en raison de leurs réseaux, de leur classe sociale, de leur race, de leur sexe ou de leur identité de genre. J’ai aussi appris que notre société valorise certains types de travail plus que d’autres.
Vous avez parlé de l’intersectionnalité lors de la conférence du Conseil national des secteurs. Y a-t-il un lien entre la réflexion sur l’intersectionnalité et la négociation ?
Absolument. On ne peut pas lutter contre un type d’oppression comme la classe ou le genre, tout en ignorant les autres types d’oppression comme la race ou la religion. Cela rend la solidarité entre nos membres et nos communautés plus difficile. Pour revendiquer une économie respectueuse de tous les travailleurs, nous devons comprendre les obstacles auxquels nos membres et nos alliés sont confrontés et nous devons renforcer la solidarité entre les mouvements.
Parmi les objectifs pour lesquels nous nous sommes battus et continuons de nous battre à la table de négociations, mentionnons l’équité salariale et l’équité en emploi. Il ne faut pas oublier non plus notre opposition aux clauses de disparité de traitement. On pourrait ajouter à cette liste les mesures d’accommodement pour les travailleurs ayant des besoins différents, comme la garde d’enfants, l’accessibilité physique des bâtiments ou la traduction de documents importants dans sa langue maternelle. Enfin, on peut inclure les mesures visant à protéger les travailleurs du racisme, de l’islamophobie ou de la transphobie au travail.
Si vous aviez un seul message sur l’économie à transmettre aux membres du SCFP, ce serait quoi ?
Je dis toujours aux gens qu’ils en savent beaucoup plus sur l’économie qu’ils ne le pensent. Ce qui est important dans l’économie, c’est la qualité de ses résultats pour notre société. Si l’économie ne fonctionne pas pour les gens, il faut la changer !
Les politiques économiques de droite tiennent les individus responsables en affirmant que nous devrions « travailler plus fort ». En conséquence, les solutions de droite sont centrées sur l’individu, comme offrir des prêts aux étudiants plutôt que d’instaurer la gratuité scolaire. Il existe un déséquilibre de pouvoir dans les économies capitalistes, mais trop souvent, celui-ci est caché ou ignoré. C’est trop facile de blâmer les individus au lieu de reconnaître que le déséquilibre de pouvoir a créé de vastes défis systémiques auxquels il faut s’attaquer. Grâce à l’analyse intersectionnelle, on peut voir les obstacles, changer l’économie et la faire fonctionner pour tous les travailleurs.