Par Rory Gill
En juillet, j’ai fait partie de la première délégation de solidarité internationale du SCFP en Israël et en Palestine. Nous avions comme objectif de mieux comprendre la situation des travailleurs palestiniens et l’impact de l’occupation militaire israélienne sur ces derniers. Nous voulions aussi recueillir des témoignages de Palestiniens afin de mieux comprendre la répression subie et comment s’organise, depuis plus de 70 ans, la résistance du peuple palestinien ainsi que sa lutte pour l’autodétermination et le contrôle des territoires.
Nous avons visité de grandes villes et de petits villages en Israël et Palestine, comme la une communauté bédouine de Khan al-Ahmar en Cisjordanie qui est menacée de démolition. Nous avons rencontré des syndicalistes, des juristes, des militants de la société civile et des droits de la personne, des universitaires, des représentants du gouvernement canadien et du mouvement BDS (Boycotter, Désinvestir, Sanctionner).
À quelques exceptions près, le message était clair et sans équivoque : le peuple palestinien semble vivre sous un régime déterminé à l’expulser des territoires qui lui reviennent de droit à titre de premier peuple autochtone de la région. Pour atteindre cet objectif, Israël utilise un système sophistiqué de ségrégation et de discrimination qui prive les Palestiniens de leurs droits les plus élémentaires, notamment celui à l’autodétermination.
Ce qu’on connaît le plus de l’occupation, c’est le mur de plus de 700 kilomètres construit par Israël en territoire occupé. Bâti sous prétexte de renforcer la sécurité, il sert d’outil d’intimidation, de séparation et d’annexion. À Gaza, près de deux millions de Palestiniens vivent sous le blocus israélien sans pouvoir quitter ce territoire.
Les restrictions à la liberté de mouvement, les arrestations et les détentions arbitraires, les confiscations et la destruction de biens, la ségrégation dans les transports, le déni de services et de ressources de base : tout ça fait partie de la réalité quotidienne et des Palestiniens en territoire occupé. À cela, il faut ajouter les réactions militaires disproportionnées face à des moyens plus modestes de protestation et de résistance de la part des Palestiniens.
Les citoyens palestiniens d’Israël ont également vu leurs droits s’effriter. Fin juillet, le parlement israélien a approuvé la Loi fondamentale de l’État-nation juif. Cette législation retire à l’arabe son statut de langue officielle, légalise la discrimination en matière de logement fondée sur l’origine ethnique, religieuse ou nationale et prive les Palestiniens du droit à l’autodétermination.
Les travailleurs israéliens font face à une économie transformée par la privatisation du secteur public et par le transfert des actifs de l’État à quelques familles riches. Le système social et économique qui s’est développé au cours des deux dernières décennies entraîne d’énormes inégalités de revenus. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Israël a un taux d’inégalité élevé. Plus d’un million de travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté. Les jeunes travailleurs, les migrants et les travailleurs arabes sont particulièrement affectés par un filet de sécurité sociale affaibli et par détérioration des conditions de travail qui a coïncidé avec ces réformes.
Dans ce contexte, les travailleurs vivant dans les territoires occupés sont extrêmement vulnérables. Ils vivent dans la précarité comme bien des travailleurs du monde entier, mais l’occupation rend leurs conditions de vie encore plus précaires. Beaucoup sont forcés de travailler dans les colonies de peuplement illégales ou en Israël, où leurs droits ne sont pas protégés. Pour travailler en dehors des territoires occupés, il faut obtenir un permis. La révocation de ce permis sert de menace pour réprimer les travailleurs qui militent pour améliorer leurs conditions de travail et la société. Les femmes sont particulièrement exposées au harcèlement et à l’exploitation.
La coordonnatrice à l’organisme Grassroots Jerusalem Community Mobilization, Fayrouz Sharqawi, résume bien la situation palestinienne : « La lutte de ce peuple n’est pas historique, mais contemporaine. S’il vous plaît, faites de votre mieux pour aider les gens à comprendre sa réalité », nous a-t-elle dit.
Notre délégation s’est engagée à partager nos constats avec les membres du SCFP et à développer notre compréhension et notre soutien du peuple palestinien.
Rory Gill est président de la section locale 709 du SCFP qui représente les contremaîtres de la Ville de Calgary et vice-président régional de l’Alberta au conseil exécutif national du SCFP.