« Les modifications aux lieux de travail qui ont été annoncées par le gouvernement de l’Ontario aujourd’hui sont loin de corriger le déséquilibre énorme dans notre économie où les travailleurs sont laissés pour compte », a dit Fred Hahn, président du SCFP-Ontario.
« Grâce au travail acharné de milliers de travailleuses et travailleurs et de leurs porte-parole, le gouvernement a finalement reconnu que nous avons un grave problème dans cette province concernant la rémunération et les droits des travailleurs », a déclaré Hahn à une réunion de son conseil d’administration, qui se prépare au congrès annuel du syndicat cette semaine, à Toronto.
« L’engagement qu’a promis le gouvernement aujourd’hui d’accroître le salaire minimum à la fin de l’année est une excellente première étape. Il nous suffit maintenant de maintenir la pression pour l’amener à adopter les nombreuses autres modifications dont les travailleurs ont vraiment besoin », a-t-il déclaré.
À première vue, l’annonce d’aujourd’hui de l’augmentation des jours de congé, du modèle d’accréditation fondé sur les cartes d’adhésion dans trois secteurs et de l’égalité salariale pour les travailleurs à temps partiel semble vraiment importante, mais la réalité est un peu pessimiste.
L’augmentation des jours de congé n’entre en vigueur qu’après cinq ans, mais dans la réalité du marché du travail actuel, peu de personnes peuvent se payer le luxe de conserver le même emploi pendant aussi longtemps. De la même façon, l’annonce de l’égalité salariale pour les employés à temps partiel comprend une exemption fondée sur le mérite que les employeurs peuvent exploiter pour éviter de payer un salaire équitable.
« En réalité, sans accès à un syndicat, les travailleuses et travailleurs se retrouveront tout de même victimes d’employeurs qui exploiteront des échappatoires à la plupart des modifications annoncées d’aujourd’hui », a dit Hahn. « L’annonce d’aujourd’hui sur le rétablissement de l’accréditation fondée sur les cartes pour seulement une petite partie des travailleurs crée en réalité un système de disparité de traitement où certains travailleurs ont un accès équitable à leurs droits constitutionnels, alors que la majorité n’y ont pas accès. C’est tout simplement inadmissible. »
L’accès véritable à la négociation collective est un droit constitutionnel au Canada, mais depuis que l’accréditation syndicale fondée sur les cartes a été éliminée par le gouvernement conservateur dans les années 90, il est devenu plus difficile pour les syndicats de syndicaliser et d’accréditer de nouveaux groupes de travailleurs. Depuis cette époque, nous avons observé l’économie en mutation dans laquelle le droit légal de s’affilier à un syndicat, pour les travailleurs de secteurs d’industrie entiers, n’est devenu rien de plus que des mots sur papier.
« Ce gouvernement ne cesse de répéter qu’il faut maintenir l’équilibre entre les employeurs et les employés, a dit Hahn. Mais, l’équilibre entre les travailleurs et leurs employeurs est détraqué depuis si longtemps que l’annonce d’aujourd’hui ne se rapproche même pas du rétablissement de l’équilibre nécessaire pour créer une économie qui fonctionne pour tout le monde. »