Par le passé, la directrice générale de la société d’aide à l’enfance s’est exprimée publiquement sur les difficultés des services dans la région, le financement inadéquat des SAE et l’impact de ces facteurs sur le personnel et les services vitaux qu’il prodigue. Ses propos sont diamétralement opposés au discours qu’elle tient dans les médias pendant le lock-out.
Fran Bélanger, conseillère nationale au SCFP, rappelle, à titre d’exemple, un reportage réalisé par CTV en 2015 sur la hausse du nombre de bébés nés d’une mère toxicomane dans le nord. Interviewée par CTV, la directrice générale de la SAE de Nipissing et Parry Sound avait déclaré alors que l’organisme « ne suffisait pas à la demande » et que « dans le nord-est, ce nombre avait augmenté de près de 500 pour cent depuis 2003 ».
En 2014, sur le site BayToday.ca, la directrice générale qualifiait « d’alarmant » et de « beaucoup trop élevé » le nombre d’enquêtes sur des allégations de maltraitance réalisées par sa SAE, déclarant que « non seulement le nombre d’enfants maltraités qui nous sont confiés augmente, mais ces enfants restent chez nous plus longtemps ». Selon l’article, l’organisme constatait aussi une hausse du nombre de signalements, les personnes soupçonnant l’existence de maltraitance hésitant moins à signaler ces cas.
Enfin, en 2010, le Sudbury Star rapportait que la SAE de Nipissing et Parry Sound était l’une des 11 SAE à avoir réclamé une révision judiciaire des choix de financement du ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse, choix qui l’avait précipitée dans « une crise financière totale », dixit la directrice générale.
Mme Bélanger résume : « Il y a 18 mois, la directrice reconnaissait que les services étaient à bout de souffle. Il y a deux ans à peine, elle admettait que le nombre de dossiers par employé était trop élevé. Et il y a six ans, elle réclamait une révision judiciaire parce que le ministère ne finançait pas suffisamment l’organisme pour lui permettre de prodiguer les services pour lesquels l’État le mandatait. »
Le financement des services de protection de l’enfance a continué à stagner pendant cette période. Dans ses états financiers vérifiés de mars 2016, la SAE de Nipissing et Parry Sound constate un déficit frôlant les trois millions de dollars.
« Il n’y a donc pas de quoi s’étonner que la charge de travail demeure problématique en 2017, au point de nuire à la qualité des services de protection de l’enfance dans le nord », souligne Mme Bélanger.
Celle-ci exhorte la SAE à mettre fin au lock-out. « Le SCFP a toujours cherché uniquement à trouver un mécanisme qui permettrait de régler ces problèmes, conclut-elle. Nous sommes prêts en tout temps à reprendre les négociations de manière constructive. »