Faire avancer l’idée d’une paix juste
Amorcée en mars 2011, la guerre civile en Syrie a fait neuf millions de réfugiés. Ils sont plus de trois millions à s’être installés dans les pays voisins, soit la Jordanie, le Liban et la Turquie. Six millions cinq cent mille personnes ont aussi été déplacées à l’intérieur de la Syrie. Selon l’ONU, plus de la moitié des 23 millions de personnes qui
habitaient la Syrie au début de la guerre ont besoin d’une aide humanitaire immédiate.
En 2015, le Conseil exécutif national du SCFP a adopté une résolution qui engage le syndicat à :
réclamer, de concert avec les défenseurs des droits des réfugiés, des changements à la politique d’immigration et de réfugiés afin d’éliminer les barrières restrictives et bureaucratiques mises en œuvre par le gouvernement conservateur pour limiter l’entrée de réfugiés au Canada.
Le Liban, qui compte cinq millions d’habitants, a accueilli 1,4 million de réfugiés, ce qui représente près du quart de sa population. Cet afflux exerce une pression énorme sur ses infrastructures et ses services sociaux, sans que cela n’attire l’attention des médias de la planète. Ces derniers se concentrent surtout sur le petit nombre de
personnes qui décident de traverser la mer Méditerranée au péril de leur vie afin d’atteindre les rives de l’Europe et d’y demander l’asile. Nous avons tous vu l’horreur de ces cadavres que la marée a emportés sur les berges européennes, pendant que certains états de l’Union européenne, notamment la Hongrie et la Slovénie, fermaient leurs frontières.
Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, « les réfugiés qui fuient cinq ans de conflit doivent surmonter des obstacles de plus en plus grands pour trouver la sécurité, alors que la solidarité internationale manifestée envers ces victimes ne correspond pas à l’ampleur et à la gravité de cette tragédie humanitaire ». La guerre civile en Syrie revêt une impor-tance géopolitique stratégique pour les superpuissances de la planète, dont les États-Unis, qui interviennent militairement et diplomatiquement, en préconisant une issue au conflit qui n’est pas dans l’intérêt des Syriens, y compris sur le plan de la sécurité.
Après les élections d’octobre, le gouvernement canadien s’est engagé à accueillir 25 000 réfugiés syriens en 2016. En février, il a annoncé qu’il mettrait « fin à la mission de combat du Canada en Irak et en Syrie pour recentrer les efforts canadiens dans la région sur la formation des forces locales et le soutien humanitaire ». Ces annonces constituent des pas dans la bonne direction, car elles contribuent à la résolution de cette crise humanitaire. Le mouvement syndical canadien doit maintenir la pression sur le gouvernement fédéral pour faire progresser l’idée d’une paix juste en Syrie.
Le SCFP s’est engagé à soutenir le Fonds d’aide aux réfugiés syriens du Congrès du travail du Canada géré par le Conseil canadien pour les réfugiés. Notre syndicat continuera aussi à dénoncer le militarisme canadien et la participation canadienne aux agressions militaires injustes à l’étranger.
Le SCFP continue sa lutte contre le libre-échange sur le front canadien
Le libre-échange demeurera à l’ordre du jour du gouvernement canadien pour les prochaines années. L’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre le Canada et l’Europe et le Partenariat transpacifique (PTP) sont signés et le processus de ratification est en cours. L’Accord sur le commerce des services (ACS), une autre entente qui risque de menacer encore davantage les services publics, devrait être finalisé cette année.
Le SCFP travaillera de concert avec le Réseau pour le commerce juste, Common Frontiers et l’Internationale des services publics pour lutter contre ces accords commerciaux.
Contrairement aux promesses électorales des libéraux, les consultations du nouveau gouvernement à propos du PTP n’ont rien de transparent. C’est pourquoi le SCFP, avec l’aide de ses partenaires, travaille à convaincre davantage de citoyens d’exprimer leurs préoccupations face aux menaces que le PTP fait planer sur les services publics, la souveraineté canadienne et la liberté sur Internet, entre autres.
Récemment, le SCFP a organisé une conférence où le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a qualifié le PTP de « pire accord commercial de l’Histoire ». En outre, nous lançons une campagne qui encourage les municipalités à adopter une résolution exprimant leurs inquiétudes face au PTP, particulièrement quant aux conséquences du système de règlement des différends entre investisseurs et États (SRDIÉ) sur la capacité des gouvernements de légiférer dans l’intérêt de la population et de l’environnement.
Des fuites de documents confirment que le PTP contient un SRDIÉ. De telles clauses sont prévues dans des milliers d’accords sur les investissements ou de libre-échange. Elles sont utilisées par les multinationales des pays riches pour poursuivre les gouvernements qui prennent des décisions qui nuisent à leurs profits. Le Canada est déjà le pays développé qui fait face au plus grand nombre de poursuites en raison du SRDIÉ contenu dans l’ALÉNA. Le PTP ne fera qu’accroître le nombre d’investisseurs étrangers qui pourront entreprendre des poursuites.
Même si le gouvernement canadien a déclaré qu’il compte entériner l’AÉCG et le mettre en œuvre rapidement, la bataille n’est pas perdue. Nous travaillons avec nos partenaires d’ici et d’ailleurs pour maintenir la pression et accroître le nombre de citoyens et d’élus qui, tout particulièrement en Europe, s’opposent à toute forme de SRDIÉ.
Tendance mondiale : des régimes de retraite encouragent la privatisation
Plusieurs signaux contenus dans le premier budget du gouvernement Trudeau indiquent que la privatisation des infrastructures, préconisée par les gouvernements néolibéraux, se poursuivra de plus belle. Le gouvernement a en effet annoncé son intention de permettre aux régimes de retraite du secteur public d’investir massivement dans un véritable programme canadien de privatisation. Dans les faits, plusieurs régimes de retraite canadiens possèdent déjà des parts importantes dans des infrastructures publiques (aéroports, routes, ports, services d’eau et d’eaux usées) un peu partout dans le monde.
À première vue, cela peut sembler une bonne idée que des régimes de retraite de travailleurs investissent dans les infrastructures dont nous avons tant besoin. Or, par le passé, ces régimes investissaient dans les infrastructures publiques en achetant des obligations d’État à long terme. Malheureusement, les régimes de retraite servent de plus en plus de sources de financement à des partenariats public-privé (PPP) qui confient la propriété, le contrôle et la gestion des infrastructures publiques à des entreprises qui cherchent à faire des profits.
Selon le budget fédéral de mars 2016, le gouvernement prévoit investir 120 milliards de dollars dans les infrastructures au cours des dix prochaines années. Dans le cadre de ce plan, il propose de « mobiliser les régimes de retraite publics » pour financer des infrastructures, notamment grâce au « recyclage d’actifs », un euphémisme qui signifie « privatisation ».
Ce changement de cap dans les politiques canadiennes traduit une tendance mondiale à la privatisation des infrastructures. Ce phénomène a pris énormément d’ampleur depuis quinze ans et les régimes de retraite canadiens sont à l’avant-scène. Bénéficiant d’une bonne image publique, les grands régimes de retraite canadiens ont réussi à prendre le contrôle d’aéroports, de ports, de systèmes d’eau, de chemins de fer, de réseaux électriques et d’un large éventail d’autres actifs publics.
Dans la plupart des cas, les régimes de retraite qui gèrent les salaires différés des travailleurs sont utilisés pour financer la privatisation.
Le SCFP lutte avec acharnement contre la privatisation sous toutes ses formes, y compris lorsque les régimes de retraite des membres du SCFP cherchent à en profiter. Dans certains cas, nous avons utilisé nos représentants sur les comités de gestion des régimes pour nous opposer à ces ententes ou les restreindre, et ce, avec succès. Toutefois, la vente d’actifs et d’infrastructures publiques est une idée politique qui doit être ultimement combattue dans l’arène politique.
Le SCFP suit les développements de cette tendance à l’international. Il compte aussi collaborer avec ses collègues du mouvement syndical international afin de renforcer la lutte à la privatisation. Par exemple, UNISON, notre syndicat frère au Royaume-Uni, vient de demander au gouvernement britannique de renoncer à utiliser les régimes de retraite des fonctionnaires comme « capital de remplacement dans les programmes de privatisation de l’État ». Comme le SCFP, UNISON réclame plutôt que tout changement à la politique d’investissement de ces régimes se fasse « dans l’intérêt des cotisants ».
Les régimes de retraite des travailleurs ne doivent pas être utilisés pour financer la privatisation, que ce soit chez nous ou à l’étranger. Le SCFP s’est engagé à veiller à ce que nos régimes de retraite servent au renouvellement et à l’entretien des infrastructures publiques. Nous travaillons aussi à garantir et à renforcer l’accessibilité et la propriété publique de ces infrastructures.