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Cette lettre ouverte du SCFP-Québec a été publiée dans plusieurs médias (Le Devoir, Cyberpresse) ces derniers jours.
  

Pour des centaines de milliers de travailleurs au Québec, la fin de l’année 2011 a été marquée par une attaque en règle contre leurs régimes de retraite. Malheureusement, de nombreuses omissions, que l’on peut croire volontaires, nuisent à une bonne compréhension de la question et empêchent la tenue d’un sain débat sur le sujet.

 Les omissions importantes d’informations que l’on constate relèvent de la manoeuvre démagogique. Elles s’inscrivent dans le contexte d’un assaut idéologique contre les conditions de travail de la classe moyenne.

La menace est claire. Régis Labeaume, maire de Québec, mène la charge en demandant au gouvernement du Québec de légiférer pour changer la configuration des régimes afin de les rendre moins dispendieux et Gérald Tremblay, à Montréal, menace de faire de même.

Certains éclaircissements sont nécessaires afin que les citoyens québécois puissent se faire une juste idée de cet important enjeu sociétal.
 
La crise d’abord

La crise financière est la source principale des difficultés rencontrées actuellement par certains régimes de retraite. Les rendements des régimes de retraite sont demeurés en dessous de ce qui était espéré. La cause de cette débandade financière est claire:la déréglementation du monde financier.

On nous avait promis que le «libre marché» et la «main invisible» allaient ouvrir une ère de prospérité sans précédent, de stabilité et d’efficacité des marchés. En réalité, elle a été grande ouverte à l’opacité, à la fraude, au déséquilibre et à la crise.

Les travailleurs, par la voix de leurs syndicats et des politiciens progressistes, n’ont cessé de s’opposer au laisser-aller financier. Les représentants du 1% ont malgré tout réussi à forcer les 99% dans le cul-de-sac. Aujourd’hui, on tente de blâmer le dernier bastion de la classe moyenne: les travailleurs syndiqués et leurs régimes de retraite.

Maintenant, comment rééquilibrer les régimes de retraite? Dans un premier temps: il faut respirer par le nez. Qu’on cesse de regarder les régimes avec une courte vue. Il faut mesurer la solvabilité des régimes sur une période d’une carrière. Oui, il y a un risque de pertes, mais également une probabilité de surplus (qui sera plus grande et plus stable si nos dirigeants réglementent intelligemment les marchés financiers).

Et les surplus, eux?

Il y a eu des années de surplus. A-t-on déjà entendu des municipalités du Québec annoncer à leurs citoyens qu’elles allaient diminuer leurs taxes parce que le régime de retraite de leurs employés faisait des surplus? Bien sûr que non!

Durant les années de vaches grasses, quand les employeurs prenaient congé de contributions à même les surplus des caisses de retraite, ils arguaient qu’ils étaient pleinement dans leur droit. Les surplus, disaient-ils, leur appartenaient puisqu’ils étaient les seuls à supporter les risques en cas de déficit.

Forts de ce postulat, ils ont pigé à deux mains dans la caisse. Maintenant que les beaux jours sont derrière nous et que les régimes de retraite sont aux prises avec des déficits, les travailleurs sont en droit de s’attendre au retour d’ascenseur des employeurs. Ces derniers ont le devoir de prendre en charge les déficits comme ils l’avaient claironné haut et fort.

Mais force est de constater que les employeurs n’ont jamais eu l’idée de supporter les déficits. Ils font tout pour ne pas respecter leurs obligations. À tout le moins, les travailleurs ne sont-ils pas en droit de s’attendre à ce que les employeurs remboursent à la caisse les sommes qu’ils ont «légalement volées»?

Solutions possibles

Cela étant dit, les syndicats savent qu’il faut agir, car ne rien faire n’est pas une option. Il faut appliquer des solutions en fonction de l›état et des particularités de chaque régime afin de les rendre structurellement plus viables, mais l’objectif principal doit demeurer le maintien de ces régimes de retraite.

Les syndicats mettent déjà la main à la pâte et discutent de solutions possibles avec leur employeur. Le SCFP s’engage dans un processus de vastes consultations afin de trouver des solutions pour sécuriser nos régimes. Nous avons le devoir d›éviter l’appauvrissement des aînés, ce qui contribuerait, une fois de plus, à augmenter l›écart entre les riches et les pauvres au Québec.

Au fait, en ce moment, le combat de l’heure pour le mouvement syndical n’est pas seulement la sauvegarde des régimes privés ou complémentaires, mais bien l’amélioration substantielle des régimes de retraite publics, dont le Régime des rentes du Québec et le Régime de pensions du Canada.

Ainsi, nous pourrons à la fois protéger l’ensemble des Québécois contre la pauvreté et diminuer le coût des autres régimes de retraite. Il est urgent d’agir pour l’ensemble des Québécois, et les syndicats y travaillent.