Les personnes responsables de protéger l’épargne-retraite de 22 millions de travailleuses et travailleurs canadien(ne)s ont perdu plus de 500 millions de dollars en investissant dans Orpea, la plus grande société européenne de soins de longue durée à but lucratif, qui a fait l’objet d’un scandale, comme le révèle un rapport publié aujourd’hui.
Le rapport accablant du Center for International Corporate Tax Accountability and Research (CICTAR) expose l’échec financier et éthique de l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC). L’OIRPC était le principal actionnaire d’Orpea, dont le siège social est à Paris, pendant la décennie qui a précédé les événements qui ont secoué le secteur des soins de longue durée en France. La société a passé l’année 2022 au bord de la faillite, à la suite d’un grand scandale provoqué par des allégations de maltraitance systémique des personnes âgées, de mauvaise gestion financière et de fraude.
Le rapport montre clairement que, en dépit de ses deux sièges au conseil d’administration d’Orpea, l’OIRPC n’a rien fait pour mettre fin à une série d’actes criminels et de malversations de la part de la haute direction, y compris la corruption, la fraude, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et les mauvais traitements infligés aux résident(e)s. Ces infractions ont conduit l’ancien président et chef de la direction et l’ancien directeur financier de l’entreprise à purger des peines de prison.
« Le SCFP dénonce depuis des décennies les établissements de soins de longue durée privés et à but lucratif, et ce scandale illustre parfaitement pourquoi », a déclaré le président national du SCFP, Mark Hancock. « Les souffrances et les pertes tragiques de vies humaines dans les établissements d’Orpea sont inacceptables. Le régime de pensions du Canada n’aurait jamais dû être investi dans une industrie de soins conçue pour maximiser les profits au détriment des soins et du soutien aux personnes vulnérables. »
En réponse à ce rapport, le SCFP a formulé plusieurs recommandations :
- Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent interdire aux régimes de pension, y compris l’OIRPC, d’investir dans les soins de longue durée. Une période de transition raisonnable devrait être envisagée pour se retirer des investissements existants.
- Les établissements privés de soins de longue durée doivent être réintégrés dans le secteur public. Cette transition devrait prévoir une transition juste et une protection complète des emplois et des droits de négociation pour les travailleuses et travailleurs actuellement en poste dans les établissements de soins de longue durée.
- Le gouvernement fédéral doit examiner publiquement les exigences de la Loi sur l’OIRPC concernant la gestion des risques par le conseil d’administration à la lumière du scandale d’Orpea.
« L’industrie des soins de longue durée à but lucratif a la réputation de ne pas protéger les personnes les plus vulnérables de nos communautés. Cette réalité a été mise en lumière par la pandémie de COVID-19 », a déclaré Candace Rennick, secrétaire-trésorière nationale du SCFP. « L’investissement privé dans les soins doit cesser, y compris par les régimes de pension, et l’investissement public direct doit le remplacer. »
Le SCFP s’oppose fermement à ce que les fonds de pension de nos membres investissent dans la propriété et le contrôle d’infrastructures publiques par des entreprises privées à but lucratif, même si les fonds de pension pourraient en tirer profit. Nous nous attendons à ce que nos fonds de pension obtiennent des rendements satisfaisants, mais pas au détriment des travailleuses et travailleurs et de la population canadienne, ni des travailleuses et travailleurs et des résident(e)s d’autres pays.