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Le Forum populaire de l’eau a rassemblé une foule enthousiaste de près des 700 personnes de tous les coins de la planète à Istanbul, en Turquie. Les militants de l’eau pour tous ont organisé l’activité en réaction au contrôle du Forum mondial de l’eau par les grandes entreprises.

Les conférenciers et les participants ont partagé leurs réussites et leurs stratégies pour garder l’eau dans le secteur public. L’un des thèmes constants était la reconnaissance de l’eau comme droit fondamental. Les participants ont aussi affirmé clairement que les multinationales de l’eau n’avaient pas à se mêler des discussions sur les solutions à mettre en œuvre pour résoudre la crise de l’eau et fournir des services d’eau et d’assainissement pour tous.

La délégation du SCFP a été touchée par les récits sur les luttes pour l’accès à l’eau présentés par des délégués toutes les régions du monde. Les membres ont écouté avec attention les messages livrés par des élus progressistes, des travailleurs et des militants de la base qui s’efforcent de résister au contrôle du Conseil mondial de l’eau, qui gère le Forum mondial de l’eau, par les grandes entreprises.

Celles et ceux qui participaient au Forum mondial de l’eau ont été consternés d’apprendre de la parlementaire turque Sebahat Tuncel que son gouvernement compte construire huit nouveaux barrages et qu’il faudra pour cela inonder une immense région peuplée de Kurdes. Les barrages submergeront complètement une vieille ville de 10 000 ans, un bijou d’architecture et de patrimoine culturel.

Elle a expliqué que la politique de l’eau peut aussi devenir une politique de la sécurité en réprimant et en déplaçant des peuples dont les terres seront détruites par l’inondation. « Un mur d’eau qui entraînera pauvreté et migration…utiliser l’eau contre l’humanité. » Pour elle, les projets de barrages « se servent de l’élément même qui soutient la vie pour l’enlever ».

Mme Tuncel est la plus jeune femme élue au Parlement turc et la première personne de l’histoire du pays à avoir été élue pendant son séjour en prison, où elle était détenue pour son militantisme en faveur des droits de la personne.

Le vice-président de Malaga, en Espagne, a encouragé les délégués en parlant de Red Fal, un réseau grandissant de représentants d’administrations locales qui partagent une vision sociale progressiste et qui croient que l’accès à l’eau devrait être protégé par la loi et être fondé sur une gestion publique, participative et durable de l’eau.

Le mouvement a été fondé au premier forum social mondial de Porto Alegre, au Brésil. Il compte maintenant plus de 1 000 membres, dont 150 maires et 50 gouverneurs. Pour le maire, nous sommes à un moment crucial où se confrontent marché et État, intérêt privé et intérêt public et égoïsme et solidarité.

Al-hassan Adam, du Réseau africain de l’eau, a parlé d’une nouvelle tendance en Afrique et a mis en garde contre le danger des sociétés des eaux à la recherche de nouvelles occasions d’affaires. « On passe de la privatisation traditionnelle aux “partenariats” des sociétés des eaux européennes avec des services publics africains pour privatiser, a-t-il expliqué. La privatisation est maintenant promue par les sociétés publiques. »

De nombreux conférenciers ont parlé des partenariats public-public, dans le cadre desquels les services de distribution et les travailleurs mettent leurs ressources et leur savoir-faire en commun, à travers villes et continents, pour garder l’eau dans le secteur public.

Les participants ont adopté une déclaration « populaire » qui propose un avenir où les services publics d’eau et d’assainissement seront un droit pour tous.

À la fin de la journée, les militants ont entonné une version enthousiaste de « Solidarité » dirigée par la militante antiprivatisation sud-africaine Virginia Setshedis, du Réseau africain de l’eau. « À mon retour chez moi, à Soweto, lorsque j’ouvrirai le robinet et que rien n’en sortira, je saurai que je ne suis pas seule », a-t-elle déclaré – résumant la solidarité qui régnait dans la salle.