Amanda Quance ne pourra désormais plus prendre soin des enfants comme elle l’a fait pendant 20 ans. L’éducatrice a été congédiée des Charlotte Birchard Centres of Early Learning (CBCEL), des centres d’éducation à la petite enfance d’Ottawa, parce qu’elle tentait, avec ses collègues, de se donner du pouvoir en se syndiquant.

Devant les difficultés de son travail, Amanda s’était mise, l’automne dernier, à discuter avec ses collègues de l’idée de former un syndicat. Les travailleuses et travailleurs des CBCEL traversent une crise qui secoue tous les centres de la petite enfance de la province : manque d’éducatrices et d’éducateurs en garderie, salaires médiocres, personnel épuisé.

« Ces travailleuses et travailleurs veulent avoir une certaine mainmise sur leur milieu de travail et leur vie. Le congédiement d’Amanda, clairement une mesure antisyndicale, confirme la nécessité d’une convention collective qui protégerait les travailleuses et travailleurs », constate Athina Basiliadis, éducatrice de la petite enfance syndiquée d’Ottawa et membre du comité du SCFP sur la petite enfance. « Les services de garde à 10 $ par jour sont révolutionnaires pour les familles, mais ils ont provoqué un état d’urgence, à la fois pour les travailleuses et travailleurs qui n’obtiennent pas une rémunération équitable et pour les exploitants qui affichent des déficits. Avoir un syndicat permet de protéger les emplois, les milieux de travail et la rémunération nécessaire et méritée. »

L’élan de syndicalisation n’a pas laissé les parents indifférents, étant donné que la qualité des services de garde va de pair avec le traitement équitable des travailleuses et travailleurs. Amanda est l’une des leaders qui s’est le plus fait entendre et, à la suite de son congédiement, des centaines de parents, de travailleuses et travailleurs de la petite enfance et d’allié(e)s ont signé une pétition en ligne réclamant son retour en poste. Des dizaines de personnes ont également manifesté devant l’établissement de Westboro.

Le SCFP, qui représente plus de 5 500 travailleuses et travailleurs de la petite enfance en Ontario, en a accueilli des centaines au cours des derniers mois, ces personnes revendiquant leur pouvoir d’agir devant le vent d’incertitude qui plane sur le secteur. En décembre, plus de 300 travailleuses et travailleurs de la petite enfance de la Learning Enrichment Foundation ont formé un syndicat avec le SCFP à la suite d’une compression unilatérale de leur paie. Plus de 125 travailleuses et travailleurs de 17 centres de la petite enfance Good Beginnings de Woodstock se sont joint(e)s au SCFP en février. De même, en avril, le SCFP a accueilli 125 autres travailleuses et travailleurs de quatre centres de la petite enfance Day Care Connection de Toronto.

« Les syndicats peuvent jouer un rôle constructif. Lorsque notre personnel s’est mis à parler de syndicalisation, nous étions contents, puisque nous savions que notre milieu de travail serait gagnant », souligne Alana Powell, directrice générale de l’Association of Early Childhood Educators Ontario (AECEO), qui a adhéré au SCFP en 2023. « Quand les travailleuses et travailleurs peuvent se faire entendre, leur créativité et leur passion sont mises à profit en faveur de leur milieu de travail. »