Alors 3 000 membres de son personnel enseignant entament leur onzième semaine de grève, l’Université York a semblé claquer la porte sur toute chance de sauver la session d’été. Elle a rejeté une demande urgente de rencontre de la part de la section locale 3903 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP 3903).
« Nous sommes déçus, mais ça ne nous surprend pas », admet le président du SCFP 3903, Devin Lefebvre. « Avec le discours officiel de l’université, il y a loin de la coupe aux lèvres. Elle a répété tant comme autant qu’elle voulait régler le conflit de travail promptement dans l’intérêt des étudiants, pour préserver la session. Elle nous a demandé maintes fois de modifier nos propositions comme condition de la reprise des pourparlers. Nous l’avons fait, et voilà qu’elle change ses critères. Il y a de quoi se questionner sur son engagement envers l’intégrité de la session. »
Jeudi dernier, le SCFP 3903 a demandé à rencontre en personne les négociateurs de l’employeur pour leur remettre un cahier de propositions modifié. L’université a refusé : elle tenait à étudier les propositions avant la rencontre.
« Ce n’est pas la première fois que l’université se comporte ainsi pendant cette grève, souligne M. Lefebvre. Elle fixe des conditions pour se rencontrer, puis, lorsque nous les remplissons, elle décide que ce n’est pas suffisant et elle nous laisse tomber. Ça suffit. »
En début de journée s’est tenue une conférence de presse réunissant presque tous les groupes de professeurs et d’étudiants de l’Université York. Ceux-ci y ont condamné le comportement de l’employeur pendant la grève et réclamé son retour à la table des négociations. De plus, aujourd’hui, la Fédération des étudiants de York, qui représente 50 000 étudiants du premier cycle, a adopté une motion de blâme envers la présidente de l’Université York, Rhonda Lenton, et son équipe de négociation, en raison de leur gestion du conflit. Elle a imploré l’université de reprendre les pourparlers.
Les unités 1, 2 et 3 du SCFP 3903 ont débrayé le 5 mars dans l’espoir de repousser les demandes concessionnaires qui restaient sur la table et de réduire la précarité d’emploi, un problème endémique dans le secteur de l’enseignement postsecondaire.
Selon M. Lefebvre, le cahier de propositions modifié du syndicat peut encore servir de cadre de travail à une reprise des négociations d’ici le lundi 14 mai.
« Nous sommes prêts à négocier, comme nous l’avons été ces dix dernières semaines, rappelle-t-il. L’université a l’occasion de faire le nécessaire pour sauver la session d’été et mettre fin à ce litige, mais le temps presse. »