Les employés de l’Université de Guelph n’arrivent pas à le croire : des représentants de l’Université sont entrés dans le bureau du SCFP 3913, sans s’annoncer, et y ont retiré des affiches portant sur les enjeux en négociation. Le local était vide lors de la « visite » des représentants de l’Université. À leur retour, des membres du SCFP 3913 (qui représente les assistants d’enseignement et les chargés de cours) ont trouvé sur la porte un mot expliquant qu’on avait retiré les affiches. « C’est incompréhensible, dit la présidente de la section locale, Ashley Wilson. Ces affiches présentaient simplement nos revendications dans les négociations : l’allègement des droits de scolarité, la sécurité d’emploi, des avantages sociaux. »
Le SCFP 3913 est en négociation avec l’Université depuis le mois de septembre. Réalisées pour une manifestation en novembre, les affiches en question se trouvaient dans les fenêtres du local depuis plus d’un mois. « Nous les y avons mises pour que les étudiants puissent les voir de l’extérieur, explique Mme Wilson. Pendant un mois, personne n’a semblé s’en offusquer, mais il semble que ce ne soit plus le cas à l’approche des séances de conciliation. L’employeur ne peut pas tenter ainsi de bâillonner les travailleurs et de réprimer notre droit de parler des enjeux de la négociation ; c’est une tactique de peur tout à fait inacceptable. »
Le syndicat et l’administration universitaire se rencontreront en présence d’un conciliateur provincial les 17, 18 et 19 janvier prochains. Les points litigieux concernent effectivement l’allègement des droits de scolarité, la sécurité d’emploi et les avantages sociaux, mais il y en a d’autres. Mme Wilson estime que l’Université a adopté une position plus agressive que par le passé. L’employeur réclame plusieurs concessions aux assistants d’enseignement et aux chargés de cours, même si l’institution a réalisé un excédent de 66 millions de dollars au dernier exercice financier. La hausse des droits de scolarité efface l’essentiel des augmentations de salaire que reçoivent ces travailleurs. En outre, ceux-ci doivent repostuler jusqu’à trois fois l’an pour conserver leur poste. Leurs avantages sociaux sont minimes.
En février 2016, le magazine Forbes attribuait à l’Université de Guelph la 6e place à son palmarès des meilleurs employeurs. « Il est important que les étudiants soient au fait de nos conditions de travail, conclut Mme Wilson, parce que celles-ci sont aussi leurs conditions d’apprentissage. À l’Université de Guelph, nos conditions de travail se résument à un salaire de misère sans sécurité d’emploi et presque pas d’avantages sociaux. Et il faut maintenant ajouter les menaces et l’intimidation à cette liste. »