La veille de la dissolution de l’Assemblée législative ontarienne, le chef du plus grand syndicat de la province juge que les Libéraux au pouvoir et l’opposition conservatrice ont montré « leurs vraies couleurs » en tentant, à la dernière minute, de forcer le retour au travail du personnel enseignant de l’Université York.
« À minuit moins cinq, le gouvernement libéral a montré ses vraies et honteuses couleurs », a en effet déclaré Fred Hahn, président de la division ontarienne du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Ontario). « Au lieu de faire ce qu’il fallait faire il y a plusieurs mois de cela, soit dire à l’université de prendre ses responsabilités et de retourner à la table des négociations, les Libéraux de Mme Wynne ont préféré priver ses travailleurs de leur droit constitutionnel à la négociation collective libre. Et comme d’habitude, les conservateurs de Doug Ford étaient prêts à leur prêter main-forte. »
Ces commentaires de M. Hahn font suite au dépôt, aujourd’hui d’un projet de loi libéral qui, eut-il été adopté, aurait forcé le retour au travail des grévistes membres de la section locale 3903 du SCFP. La tentative a avorté, celle-ci nécessitant l’unanimité de l’Assemblée et le Nouveau Parti démocratique ayant refusé son consentement.
« Dieu merci, il y a encore à Queen’s Park des politiciens prêts à défendre les droits des travailleurs, s’est exclamé M. Hahn. Le NPD comprend l’importance de la négociation collective libre que protège la Charte des droits et libertés. Il a choisi, par principe, d’empêcher l’adoption du projet de loi. »
Les unités 1, 2 et 3 du SCFP 3903 sont en grève depuis le 5 mars. Elles tentent de décrocher une convention collective équitable qui diminue la précarité d’emploi, aujourd’hui endémique dans le secteur postsecondaire, tout en repoussant les concessions que l’université leur réclame.
« On aurait très bien pu éviter cette grève, souligne M. Hahn. Il suffisait que l’université négocie de bonne foi pour résoudre les différends entre les parties. Or, même après le rejet de ses propositions dans un vote supervisé par le ministère du Travail, elle a continué de réclamer des concessions qui précariseraient encore plus des emplois déjà fragiles. Elle a refusé de négocier, encore et encore. Les efforts des libéraux et des conservateurs, en validant le comportement délinquant de l’université, illustrent une fois encore pourquoi nous avons besoin de vrai changement à Queen’s Park. »
« Le gouvernement ne devrait pas passer l’éponge sur les comportements délinquants des employeurs, conclut-il, particulièrement de ceux qui touchent de grosses subventions de l’État. »