Ce jeudi, les travailleuses et travailleurs en éducation du SCFP à London, dans le sud-ouest de l’Ontario, se sont rendu(e)s au bureau de circonscription du député provincial Rob Flack pour lui remettre un dossier percutant et troublant : des dizaines de photos illustrant des blessures subies par des assistant(e)s en éducation, des éducatrices et éducateurs de la petite enfance et d’autres travailleuses et travailleurs de première ligne en éducation dans le cadre de leurs fonctions.

Le message lancé au gouvernement provincial ne pouvait être plus clair : la violence dans les écoles a atteint l’état de crise et il est impératif que le gouvernement Ford investisse sans délai dans l’embauche de milliers d’autres travailleuses et travailleurs en éducation partout en Ontario.

« Chaque jour, les travailleuses et travailleurs de Thames Valley sont poussés au-delà de leurs limites en raison d’un manque chronique de personnel causé par des années de sous-financement. Les concierges n’arrivent pas à nettoyer les écoles au complet, le personnel de métier et d’entretien est confronté à des retards impossibles à rattraper, et le personnel administratif peine à surmonter la surcharge de travail occasionnée par les élèves dont les besoins ne sont pas satisfaits », déplore Mary Henry, présidente du SCFP 4222.  « Nos membres font également face à une escalade de violence qui s’accompagne de harcèlement et de traumatismes. Ce sont là des conditions auxquelles ni les travailleuses et travailleurs ni les élèves ne devraient jamais être confronté(e)s. Remplacer nos conseillères et conseillers élus par un(e) superviseur(e) n’a fait qu’empirer les choses. C’est pour ça qu’on est ici aujourd’hui : pour exiger que le gouvernement finance adéquatement nos écoles, les dote d’un personnel suffisant et assume ses responsabilités, car le besoin est urgent. »

Partout au sein du Conseil scolaire de district de Thames Valley (CSDTV) et du Conseil scolaire de district catholique de London (CSDCL), les travailleuses et travailleurs en éducation font état d’une hausse fulgurante des cas de violence. Vu la pénurie chronique de personnel, les élèves ne reçoivent pas le soutien pédagogique et comportemental dont ils et elles ont besoin. Il en résulte que le personnel est fréquemment victime de coups de poing, de coups de pied, de morsures, d’égratignures et de crachats, et que plusieurs employé(e)s subissent des blessures graves et permanentes.

« Ça fait 26 ans que je travaille comme assistante en éducation auprès des élèves, et je n’ai jamais vu de conditions aussi dangereuses ni d’élèves aussi peu soutenu(e)s qu’aujourd’hui. Avant, les assistant(e)s en éducation pouvaient se concentrer sur l’aide à l’apprentissage. Aujourd’hui, notre rôle se résume à gérer les incidents violents et à évacuer les salles de classe pour la simple raison que les élèves ne reçoivent pas le soutien adéquat auquel ils et elles ont droit », s’exclame Rebecca Avey, présidente du SCFP 7575. « La pénurie de personnel, le manque de formation et le sous-financement chronique ont conduit nos écoles à la crise. Remplacer nos conseillères et conseillers élus par un(e) superviseur(e) n’a rien résolu. On est ici pour faire comprendre au député Rob Flack que les élèves méritent des salles de classe sécuritaires et suffisamment financées, et que son gouvernement a le devoir de faire le nécessaire pour remédier immédiatement à la situation. »

Les membres des sections locales 7575, 4222 et 4186 du SCFP, qui représentent plus de 5 000 travailleuses et travailleurs en éducation au CSDTV et au CSDCL, soutiennent que la violence explose en raison du manque flagrant de personnel formé et qualifié dans les salles de classe. Faute de répondre aux besoins des élèves, les jeunes tout comme le personnel sont exposé(e)s à des risques au quotidien.

« Au Conseil scolaire de district catholique de London, la violence envers les travailleuses et travailleurs en éducation a atteint un seuil critique. Nos membres reçoivent des coups de poing, des coups de pied et des crachats, on leur crie dessus, on leur lance même des meubles. Malgré tout, ces personnes reviennent au travail tous les jours parce qu’elles ont à cœur le bien-être des élèves. Mais elles sont épuisées, à bout de souffle et traumatisées. Il ne s’agit pas d’un problème passager, mais bien d’une réelle crise causée par le sous-financement chronique et le constant manque de personnel », dénonce Tracey Cooper, présidente du SCFP 4186. « Les travailleuses et travailleurs doivent redoubler d’efforts juste pour assurer la sécurité des élèves. Pendant ce temps, nos avantages sociaux sont sous-financés. On est venu(e)s demander au député Rob Flack de financer le recrutement, les mesures de soutien et la sécurité dans les écoles. Ça ne peut pas continuer comme ça. »

Même si la province a décidé, plus tôt cette année, de suspendre les conseillères et conseillers du CSDTV et de nommer Paul Bonifero comme superviseur, les travailleuses et travailleurs affirment qu’aucun changement tangible n’a été apporté pour remédier à la pénurie de personnel, à la flambée de la violence ou au manque de soutien aux élèves, et que les conditions se sont même aggravées.

Le Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO), qui représente plus de 57 000 travailleuses et travailleurs en éducation membres du SCFP dans la province, exhorte le gouvernement Ford à prendre des mesures immédiates pour :

  • assurer un effectif adéquat dans les conseils scolaires;
  • mettre fin à la flambée de la violence dans les salles de classe de l’Ontario;
  • rétablir le financement amputé et investir dans des mesures de soutien qui garantissent des milieux d’apprentissage sûrs, stables et optimaux pour l’ensemble des élèves.