Après plus d’un an de négociations improductives, environ 1200 travailleuses et travailleurs de la municipalité régionale de Waterloo représentés par le SCFP ont déposé une demande de rapport recommandant de ne pas instituer de commission de conciliation. Ce rapport déclencherait un compte à rebours de dix-sept jours avant une grève ou un lock-out.
Ces personnes, représentées par les SCFP 5191 et 1883, offrent une gamme de services à Waterloo, notamment en soutien paramédical et logistique, en santé publique, en garde d’enfants et en aide sociale. Les deux sections locales sont sans contrat depuis plus d’un an; l’employeur ne participe pas à la démarche de négociation.
« La Région de Waterloo a montré peu d’intérêt à négocier avec nous », résume Luke McCann, président du SCFP 5191 et ambulancier paramédical.
« Nous sommes reconnaissants de l’occasion qui nous est donnée de servir nos collectivités et nous voulons continuer à travailler, précise-t-il. Tout ce que nous recherchons, c’est le respect de l’employeur par la reconnaissance de la valeur de notre main-d’œuvre. Nous méritons un contrat équitable. »
Noelle Fletcher, présidente du SCFP 1883, une section locale qui représente plus de 900 personnes, a déclaré que la Région de Waterloo a toujours été irrespectueuse au travail et à la table de négociation, au détriment de la main-d’œuvre en grande partie féminine et des services qu’elle fournit.
« La Région de Waterloo ne semble pas se soucier des services que nous fournissons. Elle a voté la fermeture des cinq garderies qu’elle gère. Il s’agissait des seuls établissements qui étaient restés ouverts pour accueillir les enfants du personnel essentiel. Sa décision abandonnera plus de 200 parents et 80 membres perdront leur poste. »
Mme Fletcher ajoute que les membres de sa section locale sont principalement préoccupés par la sécurité d’emploi, le manque d’investissement dans la santé mentale et les mises à pied imminentes découlant de la réduction constante des services.
Charge de travail et manque de soutien
Les deux sections locales du SCFP citent le manque de soutien de la part de l’employeur pour faire face à une charge de travail plus lourde, le mauvais moral en milieu de travail et le manque de soutien en santé mentale.
« Le personnel ambulancier est épuisé, dit M. McCann. Nos membres se sont considérablement mobilisés pour la communauté. En plus de répondre aux appels d’urgence, nous soutenons la communauté de manière continue avec des cliniques de dépistage et de vaccination COVID, du personnel paramédical communautaire qui soutient les soins à domicile et du personnel logistique qui s’assure que toutes les ambulances et l’équipement sont efficacement désinfectés et réapprovisionnés. »
« Nous avons travaillé tout au long de la pandémie avec peu de soutien significatif de la part de l’employeur, en particulier à la table des négociations. »
Pour illustrer le mépris que témoigne la Région envers sa main-d’œuvre, il mentionne la proposition de l’employeur d’éliminer les postes partagés. Ceux-ci permettent à deux personnes de partager l’équivalent d’un poste à temps plein.
Le personnel paramédical réclame des améliorations aux congés de maladie payés et une rémunération comparable à celle des municipalités voisines pour aider à résoudre un problème de recrutement et de rétention.
Noelle Fletcher du SCFP 1883 tisse un lien entre le manque d’investissement de la Région dans la santé mentale et son insensibilité à cette problématique.
« Nous avons perdu deux membres en un week-end, à cause d’un problème de santé mentale et d’un cancer, raconte-t-elle. Nos membres étaient dévastés de perdre leurs collègues, mais il n’y a eu aucun soutien immédiat pour accéder à des ressources, ni aucune reconnaissance de la part de l’employeur. »
Elle souligne le cas d’un membre du volet services communautaires, une mère monoparentale qui n’a pas pu avoir accès à un soutien psychologique adéquat pendant qu’elle vivait une expérience traumatisante où son fils de deux ans était traité pour une tumeur au cerveau.
« Nous avons un accès très limité aux soutiens en santé mentale. Dans son cas, elle a dû dépenser de l’argent de sa poche pour le bien de sa propre santé mentale. Pendant ce temps, elle a utilisé tous ses congés de maladie pour s’occuper de son fils, puis elle a dû faire face à un processus onéreux pour présenter une demande d’invalidité de longue durée auprès de l’assureur de l’employeur. Nous ne sommes pas gourmands; nous demandons simplement qu’on nous traite comme des êtres humains. »