Une voie vers la résidence permanente, un permis de travail ouvert, de meilleurs services communautaires pour tous les travailleurs migrants : ces questions sont graves au Nouveau-Brunswick. Si vous étiez au Forum sur les droits des travailleurs migrants qui s’est tenu à Fredericton la fin de semaine dernière, vous savez à quel point les travailleurs étrangers temporaires ont la vie dure dans les provinces atlantiques.
Ce forum, le premier du genre au Nouveau-Brunswick, a réuni plus de 75 travailleurs migrants, syndicalistes et représentants de la société civile. « Nous voulions tisser des liens de solidarité avec les travailleurs temporaires qui viennent au Canada, d’un peu partout dans le monde, dans l’espoir de trouver une vie meilleure pour leur famille », explique Debbie Downey, membre du Comité national de la justice mondiale du SCFP et organisatrice de l’événement.
Les participants ont écouté plusieurs travailleurs migrants installés au Nouveau-Brunswick, à l’Î.-P.-É. et à Montréal parler de la vulnérabilité, de l’exploitation et des difficultés qu’ils vivent. Plusieurs employés d’une usine de poissons originaires des Philippines ont parlé des tracas que leur cause la « règle des deux quatre ». Les travailleurs temporaires ont le droit de travailler au Canada pendant quatre ans, après quoi ils doivent quitter le pays et attendre quatre ans avant de pouvoir y travailler à nouveau. Ceux qui ne repartent pas risquent la déportation. [1]
Le Programme de travailleurs étrangers temporaires est vivement critiqué parce qu’il sape les droits des travailleurs migrants au Canada. « Ceux-ci sont liés à un employeur spécifique, explique Luc LeBlanc du service de la recherche du SCFP. Ils ont de la difficulté à se protéger des mauvais traitements au travail et ils ont peu accès aux services communautaires de soutien. Ceux qui sont admissibles au statut de résident permanent doivent se plier à une procédure interminable qui les sépare de leurs proches pendant de longues périodes. »
Selon le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, il y a deux fois plus de travailleurs étrangers temporaires que de nouveaux arrivants détenant le statut de résident permanent.
Les participants au forum se sont engagés à s’organiser et à collaborer en vue de soutenir les efforts des travailleurs migrants néo-brunswickois qui réclament la dignité et la reconnaissance de leurs droits.
Le forum était coorganisé par le SCFP, MIGRANTE Canada, le Congrès du travail du Canada (CTC) et KAIROS.
[1] Depuis le 1er avril 2015, un travailleur migrant qui occupe un emploi faiblement rémunéré et dont les permis de travail totalisent une durée de 4 ans ne peut plus renouveler son permis de travail. Il doit attendre quatre autres années avant de pouvoir revenir au Canada pour y travailler. Cette « règle des deux quatre » s’applique aux travailleurs du Programme de travailleurs étrangers temporaires (y compris les travailleurs agricoles).