Le personnel enseignant à temps partiel de l’Université de Toronto (l’U de T) a donné à son équipe de négociation un mandat de grève à hauteur de 85 pour cent. Ce résultat appuie fortement les revendications syndicales pour une plus grande sécurité d’emploi qui profitera à la clientèle comme au personnel.
Les chargées et chargés de cours, leurs assistant(e)s d’enseignement, le personnel d’encadrement à la rédaction et les professeures et professeurs de musique de l’U de T sont membres de l’unité 3 du SCFP 3902. Ils sont environ 1 100 pour la session d’automne. Ces gens dispensent une grande partie de l’enseignement au premier cycle, et ils le font dans des conditions très précaires ; beaucoup enseignent à cette université depuis des dizaines d’années.
« Le membre moyen de l’unité 3 n’a pratiquement aucune sécurité d’emploi, même si son travail est crucial à l’éducation des étudiants et étudiantes de l’U de T », explique la présidente du SCFP 3902, Amy Conwell. « L’université s’appuie sur les compétences, les connaissances et le dévouement de ces gens, mais elle exploite la précarité de leur situation professionnelle. »
« Cette situation touche aussi les étudiantes et étudiants, mais l’université refuse d’admettre l’impact de la précarité d’emploi sur la qualité de l’apprentissage. »
Tom Laughlin, membre de l’équipe de négociation de l’unité 3, confirme les dires de Mme Conwell : « Les chargées et chargés de cours n’ont pas la garantie d’un espace de bureau adéquat, nous devons parfois rencontrer des étudiants dans la cage d’escalier. Et la plupart des membres de l’unité 3 doivent présenter une nouvelle demande d’emploi chaque session, même après des années d’enseignement. »
M. Laughlin donne un exemple frappant de la tension entre recherche et avancement pour les chargées et chargés de cours à l’U de T : « Pour avoir de l’avancement, nous devons produire de la recherche et publier. Mais dans les conditions actuelles, nous le faisons sans soutien institutionnel : pas de ressources, de temps dédié ou de rémunération supplémentaire. »
Depuis 2020, l’allocation minimale par cours pour les chargées et chargés de cours ayant au moins six ans d’expérience est de seize à dix-sept mille dollars. Un membre du corps professoral qui donnerait le même cours gagnerait des milliers de dollars de plus. En outre, les chargées et chargés de cours ne sont pas rémunérés pour la création d’un cours ; ils finissent par faire beaucoup de travail non rémunéré.
« Nous voulons utiliser la négociation comme un forum pour discuter de la précarité d’emploi à l’U de T et de ses effets sur le personnel et la clientèle, explique M. Laughlin. Accorder une sécurité d’emploi à long terme aux personnes qui donnent de nombreux cours de premier cycle améliorerait la qualité de l’enseignement. »
La section locale a demandé l’aide d’un conciliateur du ministère du Travail de l’Ontario dans le but de resserrer la portée de ses négociations avec l’université. La convention collective entre le SCFP et l’université a expiré le 31 août 2021.
« Avec leur vote de grève, nos membres livrent un puissant message, estime Amy Conwell. L’université devrait y voir une mesure de la profondeur du problème de la sécurité d’emploi et de la détermination de nos membres à améliorer leur sort. »