Un partenariat public-privé (PPP) n’est pas la solution miracle pour la construction d’un terrain de soccer intérieur, prévient le syndicat municipal de Thunder Bay. Cet avertissement fait suite à un vote du conseil municipal en faveur du lancement d’un processus de manifestation d’intérêt en vue de solliciter des propositions sur le financement de ce projet longtemps retardé.
Selon le syndicat, en rejetant la soumission à 39 millions de dollars qui lui avait été présentée en mars dernier et en démarrant un nouveau processus, le conseil ouvre la porte à des propositions de PPP. Ces dernières pourraient promettre plus d’économies au départ, mais elles finiront par imposer aux contribuables une facture plus importante sans garantie que l’installation répondra aux besoins de la collectivité.
« Je suis consciente que nous n’en sommes qu’aux premières étapes, mais je tiens à avertir le conseil et la population que le secteur privé n’est pas la solution miracle qu’on pourrait croire en matière de réduction des coûts de projets comme celui-ci », a déclaré Dana Vacek, présidente du SCFP 87. « Lorsque les propositions commenceront à arriver, on verra probablement des prix beaucoup plus bas que la note de 39 millions de dollars qui a été rejetée par le conseil. Mais nous pouvons citer des exemples dans notre propre arrière-cour et ailleurs démontrant qu’on ne connaît pas les véritables coûts d’un partenariat public-privé tant que le projet n’est pas déjà construit. »
À titre d’exemple récent des coûts cachés des projets en PPP, mentionnons un aréna municipal à Ottawa. La Ville a garanti la dette, renoncé à l’impôt foncier et aux frais d’aménagement et accepté d’acheter 2 400 heures de temps de glace par année à l’entreprise privée avec laquelle elle s’est associée pour construire une patinoire de hockey communautaire. Elle a conclu un contrat de vingt ans pour l’exploitation de cette patinoire. Après plusieurs années de retards et d’augmentation des coûts pour la Ville et des frais aux usagers, Ottawa a finalement dû rompre le contrat après que le personnel municipal a découvert que l’entreprise avait sous-estimé les coûts d’exploitation et surestimé les revenus projetés. Le projet a généré pour la Ville une dette de douze millions de dollars.
« Trop souvent avec ces projets en PPP, explique Mme Vacek, le “partenariat” implique que le secteur privé récolte les bénéfices et que le secteur public se retrouve obligé d’assumer les réparations et les coûts imprévus. Et si les bénéfices ne se matérialisent pas, comme à Ottawa, l’entreprise abandonne tout simplement la communauté. Je crains que le conseil municipal, en quête d’une solution rapide, ne s’engage dans cette voie. Nous sommes dans cette situation parce qu’une installation sportive privée s’est effondrée en 2016 et a laissé la communauté sans terrain de soccer intérieur. L’objectif est de construire un endroit où les gens peuvent jouer au soccer, pas de subventionner les profits d’une entreprise avec l’argent des contribuables. Si le but de la construction d’une nouvelle installation est de desservir la population de Thunder Bay, cette installation devrait appartenir à la Ville et être exploitée par celle-ci. C’est la seule façon de s’assurer qu’elle continuera de répondre aux besoins de la communauté. »