Depuis plusieurs mois, le taux d’occupation à l’hôpital général de Kingston (KGH) oscille entre 101 et 120 pour cent. C’est pourquoi, aujourd’hui, la section locale 1974 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP) ont exhorté le gouvernement provincial à financer entièrement l’ajout d’au moins 45 lits au KGH. Ces lits (et le personnel pour s’en occuper) sont essentiels, l’hôpital en manquant cruellement.
« Au KGH, on voit couramment des situations où il y a trop de patients pour le nombre de lits, explique le président du CSHO, Michael Hurley. Ces longues périodes de surpeuplement ne s’expliquent pas uniquement par la grippe. Elles sont chroniques et systémiques, au KGH comme dans les autres hôpitaux ontariens. » M. Hurley accuse le gouvernement libéral ontarien d’être « obsédé par sa politique de réduction du nombre de lits et d’employés dans les hôpitaux tout en maintenant un taux d’occupation très élevé. Tout cela entraîne de graves problèmes de capacité au KGH. »
Récemment, au KGH, l’urgence a débordé à un point tel qu’il a fallu placer des patients dans la clinique externe, ce qui a entraîné l’annulation d’interventions médicales. Cette situation affecte aussi des patients en rétablissement. Chaque jour, on voit des dizaines de patients de l’urgence attendre qu’un lit se libère.
Les hôpitaux des autres provinces profitent d’un budget de 25 pour cent supérieur à celui des hôpitaux ontariens. En Ontario, on a éliminé plus de 18 000 lits au cours des dernières décennies, malgré la croissance et le vieillissement de la population. Les statistiques démontrent que l’Ontario est la province qui a le plus petit nombre de lits d’hôpitaux et la plus petite dotation en personnel pour ces lits. Résultat : à Kingston comme ailleurs dans la province, les hôpitaux se débattent avec un taux d’occupation extrême pendant de longues périodes, au point de devoir installer des lits temporaires dans les salles de bain, les solariums et les couloirs des urgences.
« Dans notre hôpital, le surpeuplement est devenu chose courante, ce qui n’est pas une raison pour l’accepter comme la nouvelle norme, souligne Mike Rodrigues. Les employés, des infirmières aux préposés à l’entretien, s’évertuent à fournir des soins de qualité, mais ils sont épuisés. Ils ont trop de patients à leur charge, trop de salles à nettoyer pour éviter les infections. » M. Rodrigues est président du SCFP 1974, le syndicat qui représente près de 1400 employés du KGH.
Le KGH compte 447 lits. En ajouter 45 (une hausse de 10 pour cent) ferait passer sa capacité à 492 lits, ce qui devrait suffire à composer avec la hausse d’achalandage des derniers temps.
« Si on procédait à une évaluation des risques liés à la capacité du système hospitalier ontarien, avance M. Hurley, on constaterait un grave manque de lits. En exploitant ainsi nos hôpitaux au-delà de leur capacité, on va à l’encontre du principe fondamental de notre système de santé : avant tout, ne pas nuire. Selon les experts, à partir d’un taux d’occupation de 85 pour cent, on met la sécurité des patients en jeu. Nous pressons le ministre de la Santé d’agir immédiatement pour financer entièrement le rétablissement de 45 lits au KGH. »
Dans le mémoire prébudgétaire 2017 qu’elle a remis au gouvernement, l’Association des hôpitaux de l’Ontario (OHA) affirme que les hôpitaux ont réduit leurs budgets de 4,5 milliards de dollars à la demande de l’État. On y lit aussi que le taux d’occupation moyen dépasse les 92 pour cent. Certaines études relient un taux supérieur à 85 pour cent à un risque accru d’infection nosocomiale pour les patients. Le surpeuplement crée aussi des problèmes dans le traitement des admissions urgentes et non urgentes.
« Cette situation met le patient à risque, alors que celui-ci a le droit de recevoir des soins prompts et sûrs, résume M. Rodrigues. Malheureusement, notre hôpital n’a pas assez de lits pour admettre tous les citoyens qui ont besoin de soins hospitaliers. »
Le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario évalue qu’il faudrait majorer le budget de la santé de 5,3 pour cent par année pour couvrir les frais de base, le coût des médicaments et des technologies médicales augmentant plus fortement que l’inflation.