Tara Paterson | Employée du SCFP

Le SCFP, ses allié(e)s et les organisations féministes réclament depuis longtemps un plan solide, à long terme et accompagné d’un financement dédié pour mettre fin à la violence fondée sur le genre. Or, le récent Plan d’action fédéral pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe, appuyé par les gouvernements provinciaux et territoriaux le 9 novembre 2022, ne va pas assez loin pour contrer la violence au travail et mesurer les résultats.

Le plan suggère différentes actions, somme toute positives, que les provinces et les territoires peuvent prendre dans cinq domaines : le soutien aux personnes survivantes et à leurs proches, la prévention de la violence, les améliorations au système judiciaire, les initiatives menées par les Autochtones pour mettre fin à la violence et la prestation de services. Le plan reconnaît aussi que la violence et le harcèlement fondés sur le genre se produisent souvent au travail et souligne l’importance des campagnes de sensibilisation.

Malheureusement, le plan n’inclut aucun mécanisme pour obliger les gouvernements provinciaux et territoriaux à mettre en œuvre les actions proposées. Il n’inclut pas d’exigences claires ni d’indications concernant l’échéancier ou les priorités. Il ne mentionne pas non plus la mise en œuvre de C-190 par le Canada – la convention no 190 de l’Organisation internationale du travail, le premier traité mondial sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail.

Pire encore, pendant que le SCFP et ses allié(e)s réclamaient des augmentations considérables du financement des services sociaux s’adressant aux personnes touchées par la violence, aucune des pistes d’action recommandées dans le plan n’est accompagnée d’une nouvelle enveloppe financière. Un financement supplémentaire contribuerait à ce que le personnel des maisons de transition et les autres prestataires de services sociaux aient un salaire équitable et de bonnes conditions de travail pour améliorer l’attraction et la rétention de personnel dans ce secteur essentiel.

Enfin, le plan ne définit pas de cadre solide de suivi, d’évaluation, de responsabilisation et d’apprentissage (SERA), tandis que l’investissement précoce qui mesure les progrès et exige des gouvernements, des employeurs et des institutions de rendre des comptes est crucial pour la réussite de tout plan d’action contre la violence fondée sur le genre.

La violence fondée sur le genre est une situation de crise au Canada. Nous avons désespérément besoin d’une action gouvernementale musclée pour prévenir la violence et assurer la sécurité des femmes, des filles, des personnes non binaires et des personnes bispirituelles. Ce que le gouvernement fédéral a annoncé est une première étape, mais ce n’est pas un plan marquant et complet.