Le SCFP craint fortement que le budget de 2025 de Mark Carney ne camoufle une réduction des prestations de retraite des fonctionnaires fédéraux.

La section intitulée « Équité des prestations de retraite du secteur public » avance que les fonctionnaires fédéraux, qui participent aussi au Régime de pensions du Canada (RPC) ou au Régime de rentes du Québec (RRQ), cotisent plus que nécessaire aux régimes de retraite de l’employeur. Le gouvernement fédéral affirme qu’en corrigeant ce problème, les employé(e)s fédéraux et le gouvernement réaliseront des économies, tout en maintenant les niveaux de prestations de retraite. Ce changement semble avantageux — cotiser moins pour recevoir les mêmes prestations —, mais le SCFP estime que l’information est trompeuse.

Au cours des dernières années, les prestations du RPC et du RRQ ont augmenté, une victoire majeure pour les travailleuses et travailleurs obtenue grâce aux luttes du mouvement syndical. Une lecture attentive du budget de 2025 révèle que le gouvernement prévoit probablement de réduire les prestations des régimes de retraite de la fonction publique fédérale d’un montant semblable à la hausse des prestations du RPC et du RRQ, empêchant ainsi ses employé(e)s de profiter de la bonification de ces régimes publics. Notre expérience pour la négociation de régimes de retraite avec d’autres employeurs nous pousse à croire qu’il s’agit là de la véritable intention du gouvernement. D’autres employeurs ont déjà essayé d’adopter la même stratégie, mais le SCFP a généralement réussi à faire échouer ces tentatives.

Les fonctionnaires fédéraux ne cotisent pas « trop » par rapport au niveau de prestations prévues par leur régime. Leur niveau de cotisation est tout à fait adéquat, à moins que le gouvernement ne prévoie de réduire les prestations des régimes de retraite de ses employé(e)s. Pourtant, le budget énonce de manière trompeuse que les membres maintiendront leurs niveaux de prestations de retraite. Le budget n’indique aucune réduction pour l’instant, mais le SCFP craint une éventuelle réduction d’au moins 10 à 15 % du taux de base auquel les prestations sont accumulées.

Le gouvernement estime que ce changement lui permettra d’économiser environ 400 millions de dollars annuellement. Il convient de préciser que ces réductions s’appliqueraient à un régime de retraite en excellente santé. Le surplus de la Caisse de retraite de la fonction publique est si important que le gouvernement fédéral a récemment détourné de l’argent appartenant aux membres du régime vers ses coffres.

Le SCFP demande des explications claires à ce propos. Les employé(e)s du gouvernement fédéral ne doivent pas se faire mener en bateau lorsqu’il est question de leur sécurité de retraite. La transparence et l’honnêteté sont de mises, en tout temps. Et les député(e)s doivent aussi comprendre pleinement les implications du budget avant de voter. Pour l’instant, les participant(e)s au régime sont laissé(e)s dans l’ombre et l’importante réduction des prestations de retraite des fonctionnaires fédéraux dissimulée dans le budget risque aussi d’échapper aux député(e)s.

Plus inquiétant encore, il semble que le gouvernement envisage d’imposer ce changement de manière unilatérale. Le gouvernement a affirmé qu’il « consultera les parties concernées », sans indiquer qu’il chercherait à obtenir l’approbation des syndicats ou des membres du régime, ou que les changements proposés seraient discutés à la table de négociation. Les économies réalisées par le gouvernement grâce à cette réduction sont déjà intégrées au plan financier du budget de 2025, ce qui donne l’impression que la décision est déjà prise. La Charte canadienne des droits et libertés protège le droit à la négociation collective au Canada. Les modalités des régimes de retraite, comme toutes les questions pécuniaires des travailleuses et travailleurs syndiqués, doivent être réglées à la table de négociation.

La manière dont le gouvernement fédéral a géré le récent conflit de travail avec Air Canada et son recours abusif au controversé article 107 du Code canadien du travail ont gravement nui à ses relations avec les travailleuses et travailleurs syndiqués du Canada. Pour un budget qui s’engage prétendument à « mener des négociations collectives de bonne foi » avec les employé(e)s fédéraux, cette attaque cachée du gouvernement Carney envers les régimes de retraite est un bien mauvais départ.

Le SCFP craint également que si le gouvernement fédéral va de l’avant avec les changements annoncés, d’autres employeurs tenteront d’emboîter le pas et de s’en prendre aux régimes de retraite de ses membres.