La grande majorité des personnes interrogées, dont 82 % des sondés qui soutiennent les progressistes-conservateurs de l’Ontario, estiment que le personnel dans les hôpitaux publics est insuffisant.
  

Près de trois Ontarien(ne)s sur quatre estiment que le gouvernement devrait accorder la priorité aux hôpitaux publics plutôt qu’aux cliniques privées selon un sondage mené après l’annonce du budget de 280 millions de dollars octroyés à des cliniques privées à but lucratif. Quatre-vingt-quatre pour cent des Ontarien(ne)s estiment également que les hôpitaux publics manquent de personnel.

Le sondage Nanos a été réalisé entre le 27 mai et le 1er juin auprès de 1 017 Ontarien(ne)s âgé(e)s de plus de 18 ans. Le sondage a été commandé par le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP), qui a publié un rapport supplémentaire sur la privatisation continue des services hospitaliers.

« Ce sondage montre une opposition majeure aux projets du gouvernement visant à privatiser les interventions chirurgicales en milieu hospitalier », a déclaré Michael Hurley, président de CSHO-SCFP, qui représente 50 000 employé(e)s des hôpitaux et des soins de longue durée. « La population reconnaît que les cliniques et agences privées à but lucratif coûtent plus cher, et donnent de moins bons résultats en plus d’alourdir la structure administrative. La grande majorité souhaite que nos ressources soient allouées aux soins de santé publique ».

Alors que le gouvernement augmente le financement des cliniques à but lucratif, plus de quatre Ontarien(ne)s sur cinq (84 %), dont 82 % de celles et ceux qui soutiennent les progressistes-conservateurs de l’Ontario, estiment qu’il n’y a pas assez de personnel dans les hôpitaux publics.

Dans le plus récent budget, le financement des soins de santé n’a augmenté que de 2 %, soit bien en deçà du taux d’inflation annuel dans ce secteur, estimé à 5,2 %, souligne le syndicat.
  

Après avoir privatisé en grande partie les chirurgies de la cataracte, le gouvernement prévoit d’étendre la prestation de services privés à but lucratif à d’autres procédures, notamment les prothèses du genou et de la hanche, ainsi qu’aux diagnostics. En 2023, le premier ministre Doug Ford a soulevé que jusqu’à 50 % des interventions chirurgicales pourraient être effectuées en dehors des hôpitaux.

« C’est étonnant, sachant que les interventions chirurgicales à but lucratif en Ontario coûtent deux fois plus cher que celles réalisées dans les hôpitaux publics », a déclaré Michael Hurley.

Le rapport du CSHO-SCFP met en lumière les conclusions d’une étude publiée en 2024 dans le Journal de l’Association médicale canadienne, selon laquelle la privatisation des interventions de la cataracte a entraîné une hausse de 22 % des taux d’intervention pour les Ontarien(ne)s les plus riches, tandis qu’ils ont diminué pour le reste de la population. L’accès aux interventions chirurgicales pour les personnes les plus pauvres de l’Ontario a diminué de 9 %. L’étude note que les hôpitaux offrent un accès équitable aux soins.

Lors de la conférence de presse, le syndicat a présenté une visualisation de cette iniquité à l’aide d’une carte des secteurs de l’Ontario, codée par couleur selon le degré de marginalisation. Les zones en jaune, qui représentent les quartiers les plus riches, montrent que les Ontarien(ne)s les plus fortuné(e)s vivent dans de petites enclaves à peine visibles au milieu d’une vaste mer bleue illustrant les 80 % de la population moins nantie.

« Les gens n’ont pas les moyens de débourser des milliers de dollars pour accéder à des soins de santé, a déclaré Michael Hurley. La grande majorité des Ontarien(ne)s est contre cette privatisation coûteuse qui accentue les inégalités et réduit considérablement l’accès aux soins. »

La Coalition ontarienne de la santé a recensé des centaines de cas où des cliniques privées à but lucratif facturent illégalement aux patient(e)s des soins médicalement nécessaires et ajoutent des services que ces personnes se sentent contraintes de payer.

Soixante-sept pour cent des personnes interrogées dans le cadre du sondage Nanos ont déclaré qu’il était inacceptable que des cliniques privées facturent des services médicalement nécessaires.

Le syndicat a exprimé son inquiétude face à l’accélération de la privatisation, citant l’étude du Journal de l’Association médicale canadienne révélant que, depuis l’élargissement du financement public des interventions de la cataracte en Ontario, 22,5 % de ces interventions sont désormais réalisées dans des cliniques privées.