Le Canada a besoin d’un système universel de services de garde géré par l’État, qui soutient la qualité de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants (AGJE). Cela inclut l’expansion des services de garde, un coût abordable pour les parents et des salaires et conditions de travail équitables pour les éducatrices.
Pourquoi est-ce important?
- À l’heure actuelle, le système est constitué de programmes disparates, faisant en sorte que les parents ont de la difficulté à trouver une place en garderie accréditée. Environ 776 000 enfants, soit 44 pour cent de tous les enfants d’âge préscolaire, vivent dans un « désert de services de garde ».
- Et là où il y a des services, ceux-ci sont inabordables. Une récente étude du CCPA a révélé que, depuis 2017, les frais de garde augmentent plus vite que l’inflation dans la plupart des villes canadiennes. À l’extérieur du Québec, les frais payés par les parents sont la principale source de revenus des garderies. Cela explique pourquoi les salaires y demeurent bas.
- En subventionnant des services de garde abordables et de qualité, on contribuerait non seulement à la croissance économique, mais aussi à la participation des femmes à l’économie. Des études ont montré que les services de garde fournis par l’État permettent de remédier à l’écart de rémunération entre les sexes. Un plus grand nombre de femmes seraient en mesure de travailler et d’épargner pour leur retraite.
Les politiques actuelles ne suffisent pas
- Une pression en faveur de la commercialisation des services de garde et de la recherche du profit s’exerce sur le dos des enfants. Les garderies « grande surface » à but lucratif réclament depuis longtemps que les gouvernements subventionnent leurs activités. Récemment, en Ontario, le gouvernement Ford a aboli le seuil maximal à but lucratif, ce qui signifie que davantage de fonds publics iront directement à ces grandes chaînes privées de garderies à but lucratif. Sans leadership ni stratégie du fédéral, le risque est trop grand qu’on commercialise et déstabilise les services de garde partout au pays.
- L’État dépense trop peu dans les services de garde. Le budget fédéral de 2019 a été décevant, laissant de côté les garderies.
Que faut-il faire?
Les défenseurs des services de garde et le SCFP réclament un plan pour des services de garde éducatifs abordables pour tous. Et le Canada, avec un leadership fédéral adéquat, pourrait le mettre en place d’ici 2030.
- Accroître les dépenses publiques en augmentant d’un milliard de dollars par an pendant dix ans l’enveloppe canadienne consacrée à l’AGJE, pour rattraper les normes internationales et atteindre l’objectif de services de garde inclusifs, de qualité et abordables.
- Négocier avec les provinces et les territoires des accords sur l’AGJE qui lient les transferts fédéraux à des critères fondés sur des données probantes :
- un financement public direct visant à bonifier les services de garde publics et sans but lucratif, au lieu de chèques, de crédits d’impôt ou de prestations pour frais de garde;
- établir des lignes directrices sur les frais pour rendre les services de garde accessibles aux parents, et financer la différence;
- utiliser le financement de l’État pour améliorer la qualité des services et la stabilité de la main-d’œuvre, en fixant un plancher aux salaires et des conditions de travail équitables.
- Continuer à œuvrer avec les communautés autochtones pour rendre opérationnel le Cadre d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones, de même que le mettre en œuvre et le bonifier pour concrétiser les objectifs et les aspirations des peuples autochtones.