Daniel Gawthrop | Employé du SCFP

Selon le plus récent rapport de la GRC, 1017 femmes et filles identifiées comme autochtones ont été assassinées entre 1980 et 2012 : un taux d’homicides environ 4,5 fois plus élevé que celui de toutes les autres femmes au Canada. De plus, au moins 105 femmes et filles autochtones sont toujours portées disparues. Cependant, ces chiffres ne tiennent pas compte des 10 dernières années, ni des cas non rapportés, de la discrimination et de la conservation inefficace de données, des enjeux qui ont été dénoncés par les militant(e)s autochtones.

Chaque année, le 5 mai, des robes rouges deviennent un symbole de la crise et sont accrochées à l’extérieur des maisons, aux arbres ou aux statues. À l’occasion de la Journée de la robe rouge, aussi connue comme la Journée nationale de sensibilisation aux femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées, les membres du SCFP, leurs allié(e)s et des familles à travers le pays se mobilisent pour sensibiliser, honorer la mémoire de leurs proches et exiger des actions concrètes.

Le 5 mai 2022, par une fin d’après-midi diluvienne, environ 125 personnes se sont rassemblées au parc Bear Creek à Surrey, en Colombie-Britannique, en territoire non cédé et partagé des peuples autochtones Katzie, Kwantlen et Semiahoo. La foule était là pour un événement soulignant la Journée de la robe rouge, officiellement appelée la Journée nationale de sensibilisation aux femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées.

Ce rassemblement était organisé par le SCFP 728 avec le soutien du Syndicat des employés d’hôpitaux (SEH) dans un bosquet d’arbres sur lesquels on avait accroché des robes et des rubans rouges représentant des êtres chers disparus. La pluie tombait comme des larmes sur des portraits plastifiés portant la photo, le nom et l’histoire de nombreux proches.

En plus des discours de la vice-présidente nationale à la diversité du SCFP, Debra Merrier, de Louella Vincent du SEH, et de Shelley Saje Ricci, qui était à l’époque vice-présidente à la diversité du SCFP-C.-B.,  on y a entendu des déclarations percutantes de sept témoins appelés à partager leurs réflexions personnelles. Puis, on a servi de la nourriture et des rafraîchissements, et Stars of the North, un groupe familial de percussions, a clôturé l’événement en dirigeant un cercle de participant(e)s dans une interprétation collective de la chanson Women’s Warrior Song.

Cette activité était le quatrième rassemblement du genre présenté au parc Bear Creek à Surrey ; les autres avaient été organisés par Louella Vincent du SEH au cours du mois d’octobre. C’était aussi le premier événement de la robe rouge organisé par le SCFP 728, la section locale du personnel de soutien scolaire de Surrey.

Shelley Saje Ricci avait pris la parole au premier rassemblement. Elle s’est récemment rappelée de la réponse de sa section locale après que plusieurs membres de son comité des femmes y aient participé. « Nous avons réalisé à ce moment-là que nous pouvions nous impliquer davantage, parce que l’activité se tenait sur le territoire où nous travaillions, alors le comité des femmes a été invité et s’est porté volontaire », a-t-elle dit.

La section locale, sous la direction de Louella Vincent, a finalement créé son propre comité de la Journée de la robe rouge, qui a préparé un plan du projet et sollicité des dons d’autres sections locales du SCFP et d’autres syndicats. En plus du SEH, il y a notamment eu des contributions de la part de MoveUp et du Conseil du travail de la région de New Westminster.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, député de Burnaby-Sud, n’avait pas pu être présent, mais il avait envoyé une vidéo soulignant l’importance de « s’engager pour la justice » en cette journée selon les demandes formulées par le Rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

La présence de dirigeants syndicaux qui sont des hommes, comme le secrétaire-trésorier du SCFP-C.-B., Trevor Davies, et le président de MoveUp, David Black, était tout aussi importante. Le comité organisateur avait tenu à inviter des hommes qui feraient preuve de solidarité et seraient engagés à soutenir les femmes dans leur lutte contre ce qu’elles subissent.

Debra Merrier aimerait voir ce genre d’activité reproduite d’un océan à l’autre.

« C’est une question d’éducation », a-t-elle précisé. « Tout le monde n’a pas connaissance des femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. Et il y a encore des obstacles à cette connaissance. Nous n’obtenons toujours pas la reconnaissance nécessaire. En regardant sur les réseaux sociaux, on voit chaque jour que quelqu’un est porté disparu et rien n’est fait. C’est une question de vérité et de réconciliation. Cessons d’en parler, commençons à agir. »

Debra Merrier et Shelley Saje Ricci ont renchéri que cette question et d’autres enjeux autochtones devraient être soutenus et défendus davantage par des allié(e)s et pas seulement par les peuples autochtones qui vivent ces expériences au quotidien. Néanmoins, elles ont convenu aussi que le SCFP et le mouvement syndical dans son ensemble ont besoin que davantage de membres autochtones assument des rôles de leadership.

« Nos femmes sont encore 12 fois plus susceptibles d’être portées disparues ou d’être assassinées que tout autre groupe culturel de femmes au Canada. Pourquoi ? Pourquoi nos femmes sont-elles considérées comme jetables ? » a relevé Shelley Saje Ricci.

« Qui va continuer à faire ce travail quand Shelley et moi ne serons pas là ? Nous avons besoin de plus de leadership autochtone », a souligné Debra Merrier.

Selon Debra Merrier, ce qu’il faut, ce ne sont pas seulement de nouvelles politiques, mais une action des élu(e)s politiques qui écoutent et qui lisent des rapports comme Red Women Rising et le rapport final de l’enquête nationale.

« Pour moi, c’est très personnel », a confié Debra Merrier, « à cause de ma tante qui n’est jamais revenue et de ma sœur qui a été assassinée. »

Nous sommes indignés que le gouvernement fédéral n’ait pas donné suite aux 231 appels à la justice formulés dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. À chaque 5 mai, vous aussi pouvez exiger une reddition de compte et agir en solidarité avec les membres des communautés qui se sont mobilisés sans relâche pendant des décennies pour mettre fin à la violence. Marquez la journée en organisant un événement de la robe rouge dans votre section locale ou participez à une vigile dans votre communauté.


Agissons chaque jour

La Journée nationale de sensibilisation aux femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées n’est pas le seul moment de l’année pour être sensible à cet enjeu. Nous devons agir chaque jour pour mettre fin à ce génocide, obliger les gouvernements à rendre des comptes, soutenir le travail d’organisations telles que l’Association des femmes autochtones du Canada et démontrer notre engagement envers la réconciliation.

Le 4 octobre 2022, à Ottawa, des membres et dirigeant(e)s nationaux du SCFP ont rejoint les Familles de Sœurs par l’esprit pour une vigile à la mémoire des femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. Des centaines de participant(e)s ont été témoins du partage d’histoires personnelles, de chansons, de poésie et de prières dédiées à ces êtres chers par leurs proches, et à demander à tous les paliers de gouvernement de passer à l’action.