Eni Lestari n’aurait jamais pu imaginer où la vie la mènerait lorsqu’elle a été forcée de quitter son pays, l’Indonésie, en 1999.
Comme des millions d’autres jeunes femmes dans le monde, Eni Lestari est partie à l’étranger pour soutenir sa famille. Elle est arrivée à Hong Kong par l’entremise d’une agence de travailleuses domestiques qui lui avait menti au sujet de ses droits fondamentaux. Cette agence l’avait placée dans une famille qui la payait bien au-dessous du minimum légal, refusait de lui accorder des journées de congé et ne lui donnait qu’une couverture pour dormir sur le plancher.
Après huit mois d’isolement, elle a trouvé le courage de se sauver et a découvert qu’elle n’était pas seule. À un refuge pour travailleuses domestiques, elle a rencontré une véritable « organisation des nations unies » de femmes ayant vécu la même expérience. Beaucoup ont sans doute été déportées dans leur pays d’origine, mais Eni Lestari a eu la chance de trouver l’appui dont elle avait besoin pour récupérer son passeport et empêcher son agence de la condamner au même sort.
Cette expérience l’a menée vers une vie de militantisme social. Elle tente maintenant de faire sortir de l’ombre les travailleuses domestiques et migrantes et d’attirer l’attention de la communauté internationale sur leur situation. Aujourd’hui présidente de l’Alliance internationale des migrants (International Migrant Alliance, IMA), elle prend la parole à des conférences dans le monde entier et a témoigné aux Nations Unies.
« Nous vivons à une époque de migration forcée grandissante attribuable aux conditions économiques, aux guerres et, maintenant, aux changements climatiques. Ce déplacement de millions de personnes vulnérables provoque un véritable chaos mondial, selon Eni Lestari. Nous devons mettre en place des politiques régionales, nationales et internationales pour protéger les migrants et assurer la durabilité des sociétés. Il faut un changement structurel complet. »
Malgré ce qu’elle fait partout dans le monde, Eni Lestari est toujours travailleuse domestique à Hong Kong. En effet, en vertu des lois hongkongaises, c’est sa seule façon de rester au pays. Heureusement, son employeur lui permet de prendre du temps pour militer avec l’IMA, mais elle doit obtenir sa permission pour quitter le pays.
Le congrès a remarqué l’éloquence et l’intelligence de Eni Lestari. Elle espère aller à l’université à Hong Kong pour améliorer sa situation personnelle. À travers son travail international, elle est à la recherche d’un soutien financier qui lui permettra de réaliser son rêve.