Plus de 2 000 membres du SCFP de partout au Canada se sont réuni(e)s hier pour discuter des enjeux propres à leur secteur, des stratégies à adopter et des priorités pour les prochaines années. Les réunions sectorielles ont donné lieu à des échanges dynamiques et passionnés. Après quoi, les travailleuses et travailleurs des services éducatifs et de garde à l’enfance ont organisé une action à l’extérieur du Centre des congrès pour attirer l’attention sur l’importance des services à 10 $ par jour — un avant-goût des actions à venir cette semaine.

Services éducatifs à l’enfance : le temps presse pour reconduire les accords avec le fédéral

Lors du caucus du secteur des services éducatifs et de garde à l’enfance, les personnes déléguées ont exprimé de vives inquiétudes face à l’approche fragmentée du gouvernement fédéral d’une province à l’autre. Les problèmes, eux, sont généralisés à la grandeur du pays : salaires trop bas, longues listes d’attente et pénurie chronique de personnel. Les membres ont aussi souligné les problèmes de rétention qui s’intensifient, leurs responsabilités qui ne cessent d’augmenter et les répercussions sur leur santé mentale.

Alors qu’il ne reste que quelques mois avant l’expiration des ententes actuelles sur les services à 10 $ par jour, l’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario n’ont toujours pas renouvelé leurs accords. Sans renouvellement, des milliers de familles risquent de perdre leur accès à des services abordables.

À la suite de la réunion, les personnes déléguées ont déployé un parachute coloré à l’entrée du centre des congrès et utilisé une machine à bulles pour attirer l’attention sur la situation alarmante. Des dépliants ont été distribués pour inviter les membres du SCFP et les passant(e)s à participer à une campagne en ligne ciblant les élu(e)s en Saskatchewan, en Alberta et en Ontario.

Les participant(e)s au caucus ont également assisté à une présentation sur les façons de mieux soutenir les membres ayant un statut d’immigration précaire et discuté des stratégies de syndicalisation dans le secteur.

Un système d’éducation public sous pression : les membres dénoncent les coupes et la hausse de la violence

En février dernier, le soutien fédéral qui était versé aux écoles hors réserve en vertu du principe de Jordan a été drastiquement réduit. Le principe de Jordan est un mécanisme juridique conçu pour assurer un accès équitable aux services entre jeunes autochtones et jeunes non autochtones. En raison de coupes répétées dans le financement provincial, les écoles comptent sur le principe de Jordan pour combler leurs déficits. Les membres ont discuté de l’impact des coupes fédérales qui ont mené à la mise à pied de centaines de travailleuses et travailleurs, privant certains élèves et des familles autochtones d’un service essentiel.

Partout au pays, on rapporte des reculs similaires causés par les attaques que les gouvernements de droite portent au système d’éducation public. Un autre thème est soulevé d’une région à l’autre : le lien entre le sous-financement chronique et une montée troublante de la violence dans les écoles.

Le caucus a examiné différentes stratégies afin de négocier des clauses pour contrer cette violence et d’obtenir des ressources pour soutenir les élèves ayant des besoins d’apprentissage complexes. Face à ces défis, les membres du secteur de l’éducation ont évoqué la nécessité de se rallier aux comités de négociation pour protéger le système d’éducation public et combattre la violence au travail.

La pénurie de personnel et la santé mentale : au cœur des préoccupations du secteur des services d’urgence

Deux grands thèmes ont émergé des discussions du caucus du secteur des services d’urgence et de sécurité : la crise de la main-d’œuvre qui persiste et la santé mentale des travailleuses et travailleurs de plus en plus mise à mal.

Les paramédics et les répartitrices et répartiteurs du pays ont systématiquement rapporté un manque de personnel dans leur région, ce qui allonge le délai de réponse aux urgences. Les personnes déléguées ont signalé que les employeurs faisaient beaucoup de recrutement, mais n’arrivaient pas à conserver le personnel d’expérience. Les municipalités semblent en outre manquer de volonté politique pour financer adéquatement les services d’urgence.

Les conséquences de cette crise sur la santé mentale ont été largement discutées, car le manque d’effectif qui perdure fait grimper les cas d’épuisement professionnel et de détresse psychologique.

Malgré ces difficultés, le caucus a aussi célébré de récentes victoires qui pourraient servir d’exemple pour améliorer la situation dans le secteur. Des provinces se sont notamment engagées à subventionner de nouveaux postes et à élargir les programmes de formation paramédicale. En Ontario, des sections locales de la région de Toronto et de Peel ont récemment signé une entente salariale historique. Le SCFP travaille actuellement avec d’autres syndicats représentant des paramédics de la province et des sections locales plus petites pour les aider à obtenir des gains similaires.

Le secteur de l’énergie lutte contre la privatisation

Alors que le secteur de l’énergie au Canada est à un point tournant, les membres du SCFP travaillant dans ce secteur ont discuté des défis croissants posés par la privatisation rampante et les tentatives répétées des gouvernements de démanteler le secteur public.

Partout au Canada, les investissements dans l’énergie éolienne et solaire, la déréglementation et les attaques gouvernementales contre les services publics favorisent l’expansion du secteur privé dans la production d’électricité.

Les 45 000 membres du SCFP dans ce secteur travaillent dans les domaines de l’hydroélectricité, de l’énergie nucléaire, des combustibles fossiles et de l’énergie éolienne, pour des entreprises publiques et privées qui produisent, distribuent et transportent de l’électricité. Malgré une réalité différente d’une région à l’autre, les personnes déléguées ont été unanimes : pour protéger nos services publics dans le secteur de l’énergie, le SCFP doit se mobiliser massivement et efficacement contre les concessions, la privatisation et la dérèglementation.

Dans un paysage énergétique en constante évolution, les personnes déléguées ont discuté des résolutions portant sur la grande consommation d’énergie de l’intelligence artificielle, la nécessité de s’opposer à la privatisation de l’hydroélectricité au Québec, et l’importance cruciale de la justice climatique et du respect des droits des peuples autochtones dans la réalisation de projets énergétiques.

La Fondation David Suzuki a présenté un rapport sur le lobbying mené à Ottawa avec le SCFP et d’autres partenaires. Ces démarches visaient à promouvoir la création d’un réseau électrique public d’est en ouest afin d’exploiter le potentiel des énergies renouvelables à l’échelle nationale. La coalition a rencontré tous les partis, à l’exception du Parti conservateur, qui a décliné l’invitation.

Célébration du Mois des bibliothèques et d’une grande victoire pour le personnel de bibliothèque du Nouveau-Brunswick

Chaque année, en octobre, c’est le Mois des bibliothèques au Canada. Cette année, le SCFP souligne le travail du personnel de bibliothèque qui fournit des services pour tout le monde et soutient nos collectivités, nos élèves et nos communautés d’apprentissage. Les sections locales trouveront à scfp.ca/evenement/mois-des-bibliotheques-au-canada du matériel et des ressources à adapter pour participer au Mois des bibliothèques.

Le caucus a été l’occasion de reconnaître l’apport quotidien des 22 000 membres du SCFP travaillant dans nos bibliothèques et de souligner la victoire que le SCFP 2745, au Nouveau-Brunswick, a remportée pour ses membres cette année. Au printemps dernier, après l’annonce de coupes provinciales de 43 millions de dollars dans le budget des écoles, trois divisions scolaires ont annoncé qu’elles fermaient leurs bibliothèques scolaires et mettaient à pied leur personnel. Le SCFP a immédiatement entamé un recours judiciaire et les membres ont mobilisé la population en organisant des rencontres avec des groupes communautaires.

La tentative du gouvernement a heureusement été contrée grâce aux efforts des membres et du grand appui de la population. Le ministère a annulé les licenciements annoncés, et le SCFP 2745 a ajouté une clause à sa nouvelle convention collective pour protéger les travailleuses et travailleurs d’éventuelles mises à pied.

Le personnel de première ligne : au front de la lutte contre la privatisation en santé

Bien des problèmes du système de santé du Canada mis en évidence par la pandémie de COVID-19 ne sont toujours pas résolus. Pendant leur caucus, les personnes déléguées du secteur de la santé ont discuté des menaces les plus importantes, notamment les menaces de la tendance à la privatisation des soins de santé.

Un rapport provisoire du SCFP qui explore les conséquences de la privatisation en santé a été présenté. Ce rapport, fruit d’une résolution adoptée au congrès national de 2023, fait ressortir des tendances inquiétantes à l’échelle nationale : hausse des honoraires médicaux créant un système à deux niveaux, recours de plus en plus fréquent aux agences à but lucratif, privatisation des soins de longue durée, montée des soins virtuels et de l’utilisation de l’intelligence artificielle, et augmentation des partenariats public-privé pour la gestion des installations.

Un panel réunissant Debra Maxfield, Cheryl Anne Koughan et Bonnie Hammermeister, toutes membres du secteur de la santé, a mis en lumière les difficultés comme les victoires à la table de négociation, les problèmes de dotation, et la hausse de la violence en milieu de travail. Le message était clair : l’action collective des travailleuses et travailleurs est la clé pour apporter un changement durable.

Kevin Skerrett, professeur auxiliaire à l’Institut d’économie politique de l’Université Carleton, est aussi intervenu pour souligner les risques de la privatisation, s’appuyant sur des cas de corruption et de fautes professionnelles qui se sont produits dans des cliniques privées.

Pertes d’emplois, sous-traitance et montée de l’IA dans le secteur des communications

Le secteur des communications vit des bouleversements importants ces dernières années. Lors de la rencontre du secteur, les membres ont discuté de nombreux enjeux, y compris la sous-traitance outre-mer et l’importance d’assurer le contrôle canadien de l’industrie des télécommunications.

Les membres ont parlé de la nécessité de mener des campagnes de sensibilisation sur l’importance de maintenir un secteur des communications en santé, surtout dans le contexte d’un nouveau nationalisme économique canadien.

La réunion s’est conclue par une conversation au sujet des défis qui s’annoncent. Dans un contexte instable, où les médias doivent composer avec l’essor de l’intelligence artificielle et des changements technologiques qui vont plus vite que l’évolution du cadre réglementaire, les membres ont discuté de l’urgence d’accroître la pression sur le CRTC pour protéger les emplois canadiens, la propriété publique des infrastructures des télécommunications et la souveraineté canadienne en ce qui a trait aux données.

Le secteur des transports réclame du financement adéquat et l’assurance qu’il y aura toujours un humain à bord

Les membres du SCFP du secteur du transport, que ce soit dans le transport en commun, scolaire ou adapté, se sont réuni(e)s pour discuter du manque de reconnaissance de leur travail, de l’instabilité causée par l’absence de financement stable et de la santé et sécurité au travail. Les personnes déléguées ont exprimé des inquiétudes au sujet du recours accru à la sous-traitance qui menace la qualité des services, les conditions de travail et la transparence.

La santé et sécurité au travail a été au cœur des discussions pendant la rencontre. Les membres ont fait état d’incidents de violence physique et psychologique fréquents. La violence verbale et les insultes sont particulièrement fréquentes dans ce secteur. « Les personnes offrant le transport sont responsables du bien-être des usagères et usagers, ce n’est pas rien », a souligné un congressiste.

Le recours de plus en plus fréquent à l’intelligence artificielle dans le domaine des transports a aussi été abordé. Les sections locales ont parlé de négocier des clauses dans leurs conventions collectives qui assurent qu’un être humain sera toujours à bord, même lorsque les véhicules autonomes seront monnaie courante.

La réunion s’est conclue sur une note positive. Les membres ont en effet rappelé que les investissements dans le transport en commun et les infrastructures publiques ont de nombreux effets bénéfiques. Ils permettent d’améliorer la santé et la sécurité du personnel ainsi que la qualité des services en plus de faciliter les déplacements, et d’atténuer les effets de l’explosion du coût de la vie et des changements climatiques.

Travailleuses et travailleurs des services sociaux : essentiels à nos communautés

La salle où s’est réuni le caucus du secteur des services sociaux était parsemée de notes autocollantes où chaque personne avait écrit un mot exprimant comment les travailleuses et travailleurs du pays se sentaient : débordés, brûlés, dévalorisés, frustrés.

Ces mots ont donné le ton à la discussion franche et ouverte qui a suivi, où on a évoqué l’essoufflement du personnel, les conditions de travail dangereuses et la charge de travail écrasante.

« Ces emplois sont pourtant essentiels à nos communautés. Le tissu de la société se désagrégerait sans nous », a soutenu Sheryl Burns, présidente du SCFP 1936. « Pourtant, la valeur de notre travail n’est pas reconnue. »

Lors du caucus, les résultats d’une étude ont été présentés : l’accès à une assurance santé complémentaire et des congés suffisants demeurent des priorités dans le secteur, ainsi qu’un meilleur soutien pour le personnel occasionnel et à temps partiel. Les participant(e)s ont aussi discuté des répercussions du sous-financement et de la surcharge de travail, notamment sur leur sécurité, et des employé(e)s les plus affecté(e)s par les inégalités. Lorsqu’on a demandé qui cumulait plus d’un emploi, environ un tiers des mains dans la salle se sont levées.

Pour terminer la séance, on a demandé aux membres de réfléchir à ce qui les motivait à continuer malgré ces difficultés. Les réponses serviront à orienter le combat qui se poursuit pour obtenir des ressources adéquates ainsi que le respect et la reconnaissance que les travailleuses et travailleurs des services sociaux méritent. 

Le caucus du secteur municipal évoque ses grèves et ses combats

Dans le contexte d’augmentation du coût de la vie et d’impartition croissante au privé, le caucus du secteur municipal a souligné ses victoires et parlé de stratégies de mobilisation.

Des personnes déléguées ont parlé de la fragmentation du secteur, causée entre autres par les relations avec les employeurs et le climat politique qui diffèrent au sein d’une même province. Pour contrer la situation, des sections locales du secteur municipal ont commencé à se regrouper — de manière formelle et informelle — pour coordonner leurs efforts, échanger des idées et se soutenir mutuellement. Cet élan de solidarité a donné du courage aux sections locales, sur les lignes de piquetage et ailleurs.

Malgré les différences relevées, les rapports des régions montrent que les membres font face aux mêmes grands défis partout au pays. Les frustrations s’accumulent, et plusieurs sections locales sont en grève ou le seront fort probablement prochainement. Parmi les principaux enjeux du secteur : les salaires, les régimes d’avantages sociaux inadéquats, les inquiétudes concernant les régimes de retraite et la lutte contre la privatisation.

Les délégations incomplètes de deux sections locales en grève — le SCFP 830 (services d’aqueduc et d’égout Charlottetown) et le SCFP 1544 (service des transports de Timmins) illustrent bien les difficultés auxquelles fait face le secteur. Leurs représentant(e)s ont informé leurs collègues des luttes en cours. La salle a exprimé sa pleine solidarité aux grévistes, en souhaitant que des ententes équitables soient rapidement conclues.

Par ailleurs, les personnes déléguées ont également soumis des résolutions sur l’intelligence artificielle, la lutte contre la privatisation, et la santé et sécurité au travail. Ces résolutions aideront les membres à poursuivre leur combat pour protéger les services publics et les bons emplois.

« Un pilier de notre société! » : les membres du SCFP défendent l’avenir de l’enseignement postsecondaire

Le caucus du secteur de l’enseignement postsecondaire s’est réuni pour faire ressortir les principaux défis du secteur et élaborer une stratégie pour promouvoir les valeurs du mouvement syndical dans les établissements d’enseignement supérieur.

Glynnis Lieb, membre du SCFP 3911 et coprésidente du conseil du secteur de l’enseignement postsecondaire, a résumé les dossiers urgents : privatisation, sous-traitance, attaques de la droite sur les programmes d’équité, répression de la liberté d’expression, et compressions budgétaires de taille auxquelles s’ajoute une baisse des revenus causée par la réduction du nombre d’étudiant(e)s internationaux admis au pays.

« On assiste à des mises à pied, à des transferts de tâches vers d’autres unités, à la sous-traitance des mandats d’impression », a recensé Tiffany McLaughlin, du SCFP 1858. « On cherche à faire disparaître nos emplois. Il faut déposer des griefs! » a enchaîné Quinn Ramsay, membre de la même section locale.

Les personnes déléguées ont aussi discuté des répercussions de l’intelligence artificielle sur les tâches d’enseignement et de soutien, et demandé à ce que des mesures soient prises pour mettre fin au sous-financement chronique. « Si on veut vraiment diversifier notre économie et assurer la souveraineté économique du pays, il faut investir dans l’enseignement postsecondaire », a soutenu Karen Ranalletta, présidente du SCFP–Colombie-Britannique.

Comme l’a conclu Erynne Grant, du SCFP 2081 : « L’enseignement postsecondaire joue un rôle fondamental au Canada. Sans elle, les moyens d’acquérir de nouvelles compétences et de se former seraient bien limités. C’est un pilier de notre société! »

La Division du transport aérien se donne comme objectif de mettre fin au travail non payé

La lutte pour mettre fin au travail non payé dans le transport aérien a fait les manchettes cette année au Canada, et le sujet a aussi été au cœur des discussions lors du congrès de la Division du transport aérien.

Les personnes déléguées ont débattu de résolutions proposant des changements au Code canadien du travail pour abolir le travail non payé et abroger l’article 107 afin d’empêcher le gouvernement fédéral de mettre fin aux moyens de pression en attaquant les droits constitutionnels des travailleuses et travailleurs.

Mark Hancock et Candace Rennick se sont adressés aux membres et ont réitéré l’appui du syndicat national aux efforts pour mettre fin au travail non payé à la table de négociation et dans l’arène politique. L’ancienne députée néo-démocrate Bonita Zarrillo a parlé de ses efforts pour faire adopter un projet de loi privé, le projet de loi C-415, lors de la dernière législature. Cette loi aurait obligé les compagnies aériennes à rémunérer à leur plein taux horaire les agent(e)s de bord pour toutes leurs heures travaillées.

Les discussions ont ensuite porté sur la suite de la campagne Le travail non payé, c’est du vol dans le contexte des négociations en cours chez WestJet et PAL, et de celles à venir pour d’autres sections locales.

La Division du transport aérien a par ailleurs célébré l’accréditation de deux nouvelles sections locales, cette année. Il s’agit des 65 nouveaux membres d’Air North et des 1200 nouveaux membres de Porter.

Les personnes déléguées ont assisté à une présentation sur le programme de gestion du stress après un incident critique. Le programme doit prendre son envol au printemps 2026.