En 2015, les membres du SCFP ont encore eu de nombreux défis à relever à la table de négociations. Nos sections locales sont au front pour défendre les services publics et les bons emplois contre les mesures d’austérité. Les gouvernements s’en prennent aussi à nos droits, les employeurs tentent de diluer nos conventions collectives et le travail précaire est en hausse.
En 2015, nos sections locales ont conclu 445 conventions collectives. Nous avons encore 1901 conventions en négociation et 656 autres à négocier en 2016.
En Nouvelle-Écosse, le SCFP conteste un projet de loi qui prive 75 000 employés du secteur public de leur droit de négociation. Avant Noël, le gouvernement libéral a fait siéger les députés toute la nuit pour faire adopter le projet de loi 148 qui élimine le droit de ces travailleurs à la libre négociation collective et à l’arbitrage, et ce, dans le but d’imposer leurs conditions salariales. Le SCFP et ses alliés tenteront de faire invalider cette loi en vertu de la Charte des droits et libertés.
Les négociations de nos 55 000 membres à l’emploi des conseils scolaires ontariens ont donné lieu à une des plus grosses mobilisations de l’année au SCFP. En vertu de la nouvelle loi provinciale, ces négociations se déroulaient pour la première fois à des tables centrales et locales.
Fort d’un mandat de grève provincial de 93 pour cent obtenu en début d’année, les négociateurs syndicaux ont pu compter sur l’appui des membres durant ces négociations difficiles. Nos membres ont passé une bonne partie de l’année à sensibiliser la population à leur travail. À la fin de l’été, lorsque le besoin de moyens de pression plus musclés s’est fait sentir, les membres ont entamé une grève du zèle qui a changé la donne.
Le SCFP a remporté une victoire cruciale devant la Commission des relations de travail de l’Ontario qui a rejeté une plainte pour grève illégale formulée par un conseil scolaire ontarien. Le précédent ainsi créé a conféré aux membres du SCFP de l’ensemble des conseils scolaires le droit de faire la grève du zèle ou de débrayer en appui aux négociations centrales. Le comité central a finalement réussi à conclure les négociations sans recourir à la grève générale. Bien préparés et forts d’une stratégie coordonnée, les comités locaux ont alors pris le relais.
Nos sections locales sont au front pour défendre les services publics et les bons emplois.
L’autre mobilisation majeure s’est déroulée au Québec, où nos membres dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des services sociaux ont été impliqués dans les négociations provinciales menées par un front commun réunissant plus de 400 000 employés du secteur public. Le front commun a combattu les importantes réductions des services, en plus de réclamer des hausses de salaires équitables. Les syndiqués sont demeurés unis au fur et à mesure que les moyens de pression s’intensifiaient. Des grèves tournantes ont été organisées et 150 000 personnes ont manifesté à Montréal en octobre. Le front commun a conclu une entente de principe à la fin décembre.
Toujours au Québec, les employés municipaux membres du SCFP ont contesté le nouveau pacte fiscal entre les municipalités et la province. Ce pacte affaiblit considérablement la position des syndicats lors des négociations collectives. En septembre, les leaders du SCFP-Québec et de la FTQ ont dénoncé publiquement ce pacte qui ouvre la voie à la sous-traitance et à la perte d’une expertise précieuse. Ils ont rappelé que la commission Charbonneau a souligné l’importance de l’expertise interne comme rempart contre la collusion et la corruption.
En décembre, les cols bleus de Montréal ont intensifié leur opposition au pacte fiscal en publiant une lettre ouverte et en tenant une assemblée syndicale sur les heures de travail. Le maire Denis Coderre a répliqué en suspendant sans solde 2400 membres de la section locale 301 pour une semaine et la présidente et trois autres dirigeants de la section pour deux mois. Le SCFP conteste ces mesures disciplinaires et appuie le Conseil provincial du secteur municipal dans cette lutte pour le maintien du droit fondamental à la négociation.
En novembre, la composante Air Canada du SCFP a ratifié une convention collective qui garantit la présence d’un agent de bord pour 40 passagers sur les grosporteurs réalisant des vols outremer. Les agents de bord ont aussi obtenu des améliorations salariales et normatives. La stratégie juridique utilisée a notamment contribué à ces victoires. Le SCFP a en effet réussi à faire confirmer le statut non essentiel des services de transport aérien. Rappelons que lors des négociations de 2011, les conservateurs fédéraux avaient fait adopter une loi de retour au travail en amont, limitant le pouvoir de négociation des syndiqués. Le gouvernement Harper avait invoqué le rôle trop important d’Air Canada pour l’économie canadienne pour légiférer.
L’entente renforce aussi la sécurité d’emploi par des mesures sans précédent. Pendant la durée de la convention, aucun agent de bord de la ligne principale ne sera licencié ni aucune base fermée. Les heures de vol augmenteront également. Pour leur part, les employés d’Air Canada rouge ont obtenu des améliorations salariales et normatives, ainsi qu’un processus permettant aux syndiqués de passer du transporteur à rabais à la ligne principale et inversement. Grâce à ce gain, la compagnie ne pourra plus jouer les syndiqués des deux entités de l’unité de négociation les uns contre les autres.
Finalement, après 20 mois d’efforts pour obtenir une entente juste, les 230 membres du Syndicat des employés d’hôpitaux (SEH) travaillant au Centre de soins d’Inglewood ont ratifié une nouvelle convention collective avec SimpeQ Care, le sous-traitant qui gère actuellement l’établissement de soins de longue durée. Unicare, le propriétaire du centre, a confié la gestion du personnel à cinq compagnies différentes depuis 2003. Le sous-traitant précédent, CareCorp, a annulé son contrat en mai après avoir géré l’établissement pendant quatre ans. Lorsque le SEH a syndiqué les travailleurs à nouveau en 2013, CareCorp s’est opposé à la conclusion d’une première convention collective. L’entente conclue avec SimpeQ Care prévoit des améliorations au chapitre des salaires et des avantages sociaux, en plus d’offrir à la vaste majorité des employés du travail dans des postes équivalents.