Dans une lettre et un document d’information, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a sonné l’alarme quant au démantèlement des barrières au commerce interprovincial en réponse aux menaces de tarifs douaniers des États-Unis.
De nombreuses règles qualifiées de barrières sont en fait des protections essentielles pour les travailleuses et travailleurs et les services publics. Pensons notamment aux normes encadrant la sécurité au travail, la protection de l’environnement et la prestation de services essentiels tels que les services en éducation à la petite enfance et les soins de santé. Le SCFP prévient que la « reconnaissance mutuelle », souvent promue par ceux et celles qui veulent éliminer ces barrières, peut pousser les provinces ayant des normes élevées à les abaisser pour permettre à leurs entreprises de concurrencer celles des provinces ayant une réglementation moins solide.
Le SCFP soutient qu’il serait malavisé de démanteler ces protections essentielles sous prétexte de supprimer les barrières commerciales, car ce sont les travailleuses et travailleurs ainsi que les communautés, partout au Canada, qui en subiraient les conséquences.
Le SCFP conteste également les estimations des retombées économiques qui découleraient de la suppression de ces règles commerciales. En effet, les estimations de ce genre sont souvent surévaluées et ne tiennent pas compte de l’ampleur des coûts résultant de la perte de protections cruciales.
Certaines de ces protections, qualifiées à tort de « barrières », portent en fait sur la capacité des gouvernements à construire, à posséder et à réglementer les infrastructures essentielles dans l’intérêt public. Leur élimination empêcherait donc les gouvernements de construire les infrastructures publiques nationales dont nous avons besoin pour protéger l’économie canadienne contre les perturbations extérieures.
En réalité, les entreprises canadiennes ont fait savoir que les principaux obstacles au commerce interprovincial sont les coûts de transport et leur disponibilité, et non les différences de réglementation. C’est donc dire que la solution à la crise actuelle consiste, non pas à alléger la réglementation, mais plutôt à investir dans les infrastructures publiques comme un corridor de transport d’est en ouest fiable.
Par conséquent, le SCFP presse le gouvernement fédéral de résister au démantèlement de règles essentielles et de se focaliser plutôt sur la mise en œuvre de solutions publiques progressistes pour protéger les emplois, les services et les communautés.
Voici les principales recommandations du SCFP :
- Renforcer les protections et les infrastructures publiques : c’est-à-dire maintenir les protections prévues dans les accords commerciaux, investir dans les transports publics et développer l’industrie manufacturière publique dans des secteurs clés.
- Appuyer les travailleuses et travailleurs : c’est-à-dire offrir une aide financière par l’entremise de programmes comme l’assurance-emploi, accroître le soutien à la formation et garantir des emplois pour les jeunes.
- Stabiliser l’économie : c’est-à-dire soutenir la propriété publique d’infrastructures clés et envisager la nationalisation d’urgence pour protéger les activités d’importance nationale.
Le SCFP est d’avis que ces mesures protégeront l’économie canadienne et le bien-être de l’ensemble des travailleuses et travailleurs.