Les participants à une assemblée publique à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador, ont clairement déclaré que leur collectivité a besoin d’un nouvel hôpital et davantage de soins aux aînés, mais que ces services doivent demeurer publics.
L’assemblée a analysé la proposition du gouvernement Ball de privatiser un hôpital et un établissement de soins de longue durée à Corner Brook en ayant recours à des partenariats public-privé (PPP). Les plans en sont aux premiers stades, et les intervenants ont souligné qu’il n’est pas trop tard pour maintenir les établissements entièrement publics.
« Les gens de Corner Brook réclament un nouvel hôpital depuis plus de 20 ans. Ils en ont besoin, ils le méritent, et ils devraient l’obtenir », a déclaré Wayne Lucas, président du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador.
« La seule question est la suivante : allons-nous construire un hôpital et un foyer de soins de longue durée comme nous l’avons toujours fait, dans le secteur public ? Ou allons-nous recourir à des PPP qui augmenteront les coûts pendant 20 ans ou plus ? »
Natalie Mehra, coordonnatrice de la Coalition de la santé de l’Ontario, a décrit l’impact considérable qu’ont les coûts élevés des hôpitaux en PPP, ayant pour preuve presque deux décennies de politiques de privatisation du gouvernement libéral provincial.
Le vérificateur général de l’Ontario a déclaré que le programme pro-PPP de la province, qui comporte de nombreux projets hospitaliers, coûterait 8 milliards de dollars de plus que des projets financés et offerts dans le secteur public. « Avec cet argent, nous pourrions construire 27 hôpitaux communautaires », a dit Natalie Mehra.
« Vous emprunterez l’argent de toute façon. Pourquoi ne pas l’emprunter de la façon la moins chère, au meilleur taux d’intérêt ? »
Les coûteuses ententes en PPP mettent de la pression sur les budgets de santé, et leurs impacts sur les services sont inquiétants », a dit Mehra. On constate chez les hôpitaux en PPP de l’Ontario des réductions de services, de lits, et de personnel, une fois les établissements ouverts. Et plusieurs hôpitaux communautaires sont fermés et remplacés par un hôpital centralisé et privatisé.
Les établissements de santé en PPP sont le résultat de mauvaises politiques publiques, selon Mark Hancock, président national du SCFP. « Dans ma province d’origine, la Colombie-Britannique, au Royaume-Uni, et partout, on trouve des preuves écrasantes que les projets en PPP mènent à l’échec en ce qui concerne l’intérêt public. Ils dépassent les budgets et ne servent pas les personnes qui les ont payés, c’est-à-dire nous tous », a-t-il dit.
« En fin de compte, on ne veut pas inviter ces consultants et ces multinationales au centre de notre système de santé », a déclaré Mehra. « Ils ont intérêt à maximiser leurs profits. L’argent consacré aux services disponibles sera donc toujours réduit, qu’il s’agisse des soins de santé publique, des transports publics, de l’éducation ou de l’eau. »
En travaillant ensemble, les membres du SCFP et les résidents de Corner Brook peuvent protéger les personnes âgées et les patients, et maintenir leurs installations dans le secteur public, a dit Mehra. « Ici, on peut y mettre fin, parce que ce n’est pas encore commencé. »
Wayne Lucas a déclaré que le SCFP envisage de soumettre cette question au grand public, et dans les bureaux des députés. « Nous nous engageons à réunir une armée de militants. Corner Brook mérite rien de moins qu’un nouvel hôpital et de bons soins de longue durée. Nous avons l’intention de pousser le gouvernement à renoncer à sa décision. »