Un récent sondage montre que l’Ontario risque de perdre plus de 60 % de ses infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées (IAA). Les IAA ont donc lancé un appel émouvant au gouvernement de Doug Ford pour qu’il intensifie les investissements dans l’amélioration des salaires et des conditions de travail afin d’empêcher l’exode de milliers d’autres membres de leur profession.
Le sondage a été mené par Nanos Research pour le compte du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et du SEIU Healthcare. Il identifie le manque de personnel, une charge de travail épuisante physiquement et mentalement et le plafonnement des salaires comme les principales causes de l’exode des IAA.
Sur 1029 personnes répondantes au sondage, 638 IAA ont déclaré envisager de quitter la profession. Si on extrapole ce résultat aux 59 000 IAA enregistrées en Ontario selon l’Ordre des infirmières et infirmiers, c’est plus de 36 500 IAA, soit près des deux tiers de la main-d’œuvre, qui envisagent de partir.
« C’est un chiffre impressionnant », souligne Dave Verch, IAA et premier vice-président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP). « Le gouvernement provincial devrait agir à toute vitesse pour empêcher que cela se produise, mais celui-ci semble indifférent, aux yeux de la plupart des IAA. »
Selon M. Verch, de toutes les provinces canadiennes, l’Ontario, où le coût du logement est très élevé, est particulièrement vulnérable aux problèmes de rétention et d’attraction. Pourtant, contrairement à la Colombie-Britannique, qui a mis en place un train de mesures incluant l’amélioration des ratios infirmière-patients, des augmentations salariales et un fonds de 100 millions de dollars pour soutenir le mieux-être du personnel infirmier, « le gouvernement de l’Ontario a plutôt offert aux IAA une réduction substantielle des salaires, ainsi qu’un manque de personnel et une charge de travail sans précédent ».
Une majorité d’IAA affirme travailler en sous-effectif, dont 53 % presque tous les jours et 74 % trois ou quatre fois par semaine. À cause de cette prédominance du travail en sous-effectif et de l’élargissement croissant des soins qu’elles doivent prodiguer dans nos hôpitaux :
- 82 % des IAA vivent un stress élevé;
- 64 % ont du mal à dormir;
- 64 % n’ont pas envie d’aller travailler;
- et 42 % souffrent de dépression.
« Le stress est endémique », résume Jackie Walker, présidente de la division soins infirmiers du SEIU Healthcare. « Les troubles du sommeil sont omniprésents. L’appréhension est partout et la fierté, nulle part. Et à 42 %, la dépression chez les infirmiers et les infirmières auxiliaires autorisées est presque plus courante qu’autrement. Nous sommes ici pour dire au gouvernement Ford, à l’Association des hôpitaux de l’Ontario, aux grandes chaînes de foyers de soins et, franchement, à la population, que les services de santé vont se détériorer et que les listes d’attente vont s’allonger si on ne règle le problème des conditions de travail des IAA et de l’ensemble du personnel infirmier. »
Au cours des trois dernières années, le rôle des IAA a connu de l’expansion dans les services d’urgence (près de 18 % le signalent) et dans les soins aigus, intensifs ou critiques (près de 13 %). Plus de quatre IAA sur dix déclarent également couvrir les quarts de travail d’infirmières et d’infirmiers autorisés de leur unité tous les jours ou presque tous les jours.
À quelques jours de la Semaine des soins infirmiers (du 8 au 14 mai), deux IAA, Pam Parks et Abiemwense Osawe, ont demandé au gouvernement Ford de trouver une solution immédiate, qui doit inclure une dotation sécuritaire et un salaire équitable, et de ne pas faire appel de la décision du tribunal qui a jugé inconstitutionnel le plafonnement de leur salaire (loi 124).