La division manitobaine du Centre canadien de politiques alternatives vient de publier un rapport qui se penche sur le modèle de gouvernance municipale à Winnipeg. On y soulève de graves préoccupations concernant la centralisation des pouvoirs entre les mains du maire.

Dans ce rapport intitulé Winnipeg Free for All: Towards Democracy at City Hall (traduction libre : Le n’importe quoi à Winnipeg : vers la démocratie à l’hôtel de ville), on peut lire que « Winnipeg est un cas exemplaire de manque de démocratie dans la gouvernance municipale au pays. La toute-puissance du maire est l’un des obstacles les plus flagrants à la démocratie municipale dans cette ville. » (Notre traduction.)

Le rapport est l’œuvre d’Owen Toews, boursier postdoctoral de l’Université de l’Alberta et auteur d’un livre à paraître bientôt intitulé Stolen City: Racial Capitalism and the Making of Winnipeg (traduction libre : Ville dérobée : le rôle du capitalisme racial dans l’érection de Winnipeg). M. Toews présente la longue histoire de la gouvernance à Winnipeg et les efforts de la « classe d’affaires » pour éloigner le pouvoir du citoyen.

En remontant jusqu’à la fin du XIXe siècle, le rapport parle de l’aliénation des Autochtones, des femmes et de la classe ouvrière face à la participation communautaire. Il retrace les divers outils utilisés, au fil du temps, pour effriter les comités de citoyens et empêcher les quartiers pauvres d’être bien représentés. Tout cela met la table pour le modèle actuel, mis en place par les gouvernements de droite des années 1990, où l’essentiel du pouvoir se situe entre les mains du maire et du comité de direction de la politique (CDP) qu’il appointe.

« Les Winnipégois savent que nous avons besoin d’un modèle de gouvernance plus démocratique, estime Gord Delbridge, surtout depuis l’administration précédente qui multipliait les scandales et les réunions à huis clos. Il faut trouver des moyens pour stimuler la participation citoyenne et ouvrir le débat sur notre modèle de gouvernance. Ce nouveau rapport avance des idées intrigantes qui pourraient redresser notre démocratie municipale. » M. Delbridge est président de la section locale 500 du SCFP, le syndicat de la main-d’œuvre municipale de Winnipeg.

Le rapport souligne le rôle historique du SCFP 500 qui a souvent dénoncé l’effritement de la démocratie municipale, particulièrement dans les années 1990.

Le rapport présente aussi divers modèles de gouvernance ayant cours ailleurs au Canada. Il formule des recommandations pour aider les citoyens à reprendre le contrôle de la démocratie à Winnipeg. Le comité de direction de la politique est particulièrement ciblé : il faudrait l’éliminer ou le réformer pour que tous les conseillers municipaux aient un poids juste et équitable dans les affaires municipales.

« L’important, ce n’est pas les gens autour de la table, mais la table en soi », résume M. Delbridge.

La version intégrale du rapport (en anglais seulement) se trouve ici : https://www.policyalternatives.ca/publications/reports/winnipeg-free-all