Un expert des Nations Unies en matière de pauvreté met en garde la population contre la privatisation des services publics car cela bafoue les droits de la personne et heurte les personnes qui sont déjà les plus marginalisées.

Philip Alston, rapporteur spécial des Nations Unies sur la pauvreté extrême, a analysé la question de la privatisation sur le plan des droits de la personne.

Dans son rapport, il conclut que « la privatisation a souvent pour effet de détruire complètement les mécanismes de protection des droits de l’homme et d’aggraver la marginalisation des intérêts des personnes à faible revenu et de celles qui vivent dans la pauvreté. »

La privatisation « accorde inévitablement la priorité au profit ». Cette situation transforme les gens en clients, pas en utilisateurs des services. Elle nuit également aux personnes qui vivent dans la pauvreté ou qui sont marginalisées pour d’autres raisons. La privatisation se fait au détriment de « la prise en charge, la compassion, l’interaction sociale, la solidarité et la communauté », écrit Philip Alston.

La privatisation et les droits de la personne ne font pas bon ménage

Alston a conclu dans son rapport que les tentatives des gouvernements de réglementer ou de contrôler la privatisation ne fonctionnent pas. Ces tentatives pour minimiser les dégâts de la privatisation sont inadéquates et incompatibles avec l’appétit pour les profits.

« La privatisation est fondée sur des considérations fondamentalement différentes de celles qui sous-tendent le respect des droits de l’homme telles que la dignité et l’égalité », a dit Alston dans un communiqué sur le lancement du rapport. Il a constaté que la plupart des projets de privatisation ne prennent simplement pas les droits de la personne en considération.

Alston reproche à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, ainsi qu’à l’ONU elle-même, de faire la promotion de la privatisation pour établir et développer des services publics et des projets d’infrastructure dans les pays en voie de développement.

Les preuves n’appuient pas la privatisation

Le Canada est également favorable à la participation du secteur privé pour répondre aux objectifs de développement durable pour l’éducation, l’eau, l’assainissement, les soins de santé et d’autres services essentiels. Cependant, Alston dit qu’il y a une « différence frappante » entre la promotion agressive de la privatisation, et les preuves en matière d’infrastructure et de prestation des services à but lucratif.

Il souligne la nécessité pour les promoteurs et les défenseurs des droits de la personne de s’attaquer à la croissance des partenariats public-privé et du financement du secteur privé pour faire progresser les objectifs de développement durable.

Il interpelle également dans son rapport les gouvernements qui mettent l’accent sur la réduction des coûts et qui se déchargent de leurs responsabilités, ouvrant ainsi la voie à la privatisation.

Donner la priorité aux droits de la personne, et non aux profits

Philip Alston demande aux défenseurs des droits de la personne de :

  • Reconnaître les nombreux problèmes liés à la privatisation;
  • Promouvoir l’importance de l’égalité, de l’intérêt public et de la démocratie, des valeurs communes que seuls les gouvernements peuvent faire respecter grâce à la prestation des services publics;
  • Combattre la tendance internationale depuis des décennies de sous-financer les gouvernements en réduisant les impôts, ce qui ouvre la voie à la privatisation;
  • Rejeter les arguments selon lesquels la prestation des services par le secteur privé est la meilleure solution ou la seule façon de fournir des services;
  • Renforcer le secteur public et sa capacité d’assumer ses responsabilités et de répondre aux besoins de la population;
  • Mettre les droits de la personne au cœur de tout examen ou analyse de la privatisation.