Pour symboliser la menace posée par les plans de privatisation des interventions chirurgicales, une réplique de près de 5 mètres d’un cheval de Troie a été exposée devant l’hôtel de ville de London mardi matin. Le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO/SCFP) et l’Ontario Health Coalition ont utilisé cette métaphore pour demander au gouvernement Ford d’annuler ses plans de privatisation des interventions chirurgicales et d’investir plutôt dans les hôpitaux publics.
Faisant référence à la mythologie grecque, Kevin Cook, premier vice-président du CSHO/SCFP, a expliqué « le cheval de Troie représente un cadeau qui, s’il est accepté, menace le destinataire ». « Il est faux de croire que la privatisation des interventions chirurgicales est la solution aux longues listes d’attente. En fait, la privatisation redirige les fonds et le personnel des hôpitaux publics vers des cliniques privées à but lucratif. Les listes d’attente dans le système public s’allongent à mesure que les pénuries de personnel entraînent des fermetures de services. Pendant ce temps, ces cliniques privées imposent des frais exorbitants et inabordables pour la plupart des gens. Au bout du compte, la privatisation réduira l’accès en fonction des besoins, augmentera les délais d’attente et affaiblira notre système hospitalier public. »
Kevin Cook a partagé les étonnants résultats d’une étude récente publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne : le coût d’une chirurgie de la cataracte a augmenté de 22 % pour les personnes les plus riches de l’Ontario, alors qu’il a diminué de 9 % pour les personnes à faible revenu.
Ces données reflètent celles d’autres pays qui ont eu recours au privé pour offrir des interventions chirurgicales. L’étude appuie la recherche de l’Ontario Health Coalition selon laquelle des patient(e)s ont dû débourser jusqu’à 8 000 $ dans des cliniques privées.
Selon le syndicat et l’Ontario Health Coalition, « ces frais sont souvent trompeurs et contraires à l’éthique et, dans de nombreux cas, constituent une violation flagrante de nos lois sur l’assurance maladie publique. »
Le gouvernement Ford a élargi le recours au privé pour des services qui étaient principalement offerts dans les hôpitaux publics, y compris les chirurgies de la cataracte et les tests diagnostiques. Cet automne, le gouvernement accordera de nouvelles licences à des cliniques privées et leur fournira des fonds pour effectuer 100 000 examens IRM et tomodensitogrammes.
« Les cliniques et les hôpitaux privés à but lucratif coûtent jusqu’à trois fois plus cher que les hôpitaux publics. Le gouvernement Ford déplace le financement public en santé de nos hôpitaux vers des cliniques à but lucratif, qui sont plus coûteuses », a expliqué Natalie Mehra, directrice générale de l’Ontario Health Coalition. « Pire encore, les cliniques privées mettent en péril l’assurance maladie publique et causent des difficultés aux patient(e)s en faisant illégalement payer des milliers de dollars pour des chirurgies indispensables aux personnes âgées recevant une pension et en les persuadant de payer pour des soins additionnels non nécessaires. »
Les deux organisations demandent au gouvernement d’investir dans les hôpitaux publics pour accroître les effectifs et la capacité, comme ces hôpitaux disposent déjà de l’infrastructure nécessaire pour offrir plus de services, mais manquent de financement.
« Le taux de financement des hôpitaux publics en Ontario est actuellement le plus faible au Canada, et ces hôpitaux ont les niveaux les plus bas en matière de dotation et de capacité de lits, a expliqué Kevin Cook. Pourtant, les conservateurs de l’Ontario détournent plus d’un milliard de dollars par année de nos hôpitaux publics vers des cliniques, des hôpitaux et des agences de placement privés à but lucratif. Pour répondre aux besoins d’une population vieillissante et croissante, il faut augmenter le nombre de lits ainsi que les effectifs du personnel hospitalier pour les dix années à venir. Le gouvernement doit également supprimer les échappatoires fiscales qui permettent à certaines professions d’échapper au paiement de l’impôt-santé, lequel générerait des revenus largement suffisants pour couvrir ces dépenses. »