Partout au pays, les postes dans les bibliothèques sont de plus en plus précaires, une situation qui nuit à la qualité du service. Pour offrir des services de qualité à la population, il faut pouvoir se fier à une main-d’œuvre stable, professionnelle et à plein temps. Voilà le message qu’a livré le SCFP au congrès annuel de l’Association canadienne des bibliothèques, qui se tenait à Victoria (C.-B.), du 28 au 31 mai.
Le SCFP a animé une table ronde réunissant : la présidente du SCFP 4948 (Ont.), Maureen O’Reilly; la présidente du SCFP 2329 (T.-N.-L.), Dawn Lahey; et Marlea [Anchor] Clarke, professeure adjointe à l’Université de Victoria.
« Le SCFP constate une baisse du nombre d’emplois permanents à plein temps dans le secteur bibliothécaire, accompagnée d’une hausse du nombre de postes à temps partiel, temporaires, occasionnels et sur appel, a déclaré Mme Lahey pendant la séance. L’emploi précaire dans ce secteur est en train d’éroder lentement les occasions qu’auront les éventuels employés de bibliothèque d’obtenir un jour un poste à plein temps qui leur permettra de gagner un salaire décent et d’être fier de leur travail. »
Mme Clarke a ajouté que tout le monde perd dans le travail précaire, autant les employés que les employeurs et la population : « La précarité représente une perte d’engagement de la part des employeurs envers leur personnel, ce qui a d’importantes répercussions. La précarité réduit la loyauté et la motivation au travail; elle complique la rétention du personnel, réduit les occasions de formation, entraîne une perte de compétences et accroît le stress et les problèmes de santé. Au final, elle réduit l’étendue et la qualité des services. Les travailleurs ont moins d’avantages sociaux et touchent un salaire moindre, en plus de vivre un équilibre travail-famille plus difficile. Tout le monde y perd. »
Mme O’Reilly a raconté son expérience dans les bibliothèques de Toronto, tout en présentant des faits sur la nature de plus en plus précaire du travail. Elle a remarqué que ses membres sont à 75 pour cent des femmes et que plus de la moitié occupe un poste à temps partiel. Plusieurs employés de bibliothèque ont un autre emploi pour joindre les deux bouts, sinon deux. Un travailleur précaire doit patienter sept ans en moyenne avant d’obtenir un poste à plein temps.
« On déprofessionnalise de plus en plus nos emplois, a souligné Mme O’Reilly. Il y a moins d’employés, ce qui réduit directement notre capacité à offrir à la population des services de qualité. Ne laissons pas les emplois de bibliothèque se transformer en “McEmplois”. Les employés de bibliothèques sont des travailleurs précaires qui travaillent dans des milieux de travail précaires. Il faut que ça cesse. Il est ridicule de croire qu’on puisse avoir de bonnes bibliothèques sans avoir de bons employés stables et professionnels. »