En ce qui concerne le financement des hôpitaux, le gouvernement conservateur de Doug Ford est « encore pire que Mike Harris », selon les nouveaux rapports de données publiés aujourd’hui à Sudbury par le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO).
Pour que le gouvernement Ford respecte le plan budgétaire qu’il propose pour les cinq prochaines années, « il est maintenant évident qu’il devra procéder à des compressions plus importantes dans les hôpitaux (et dans la santé en général) que ce qui avait été estimé auparavant », estime Michael Hurley, président du CSHO.
D’après le récent examen budgétaire et économique du Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRFO), pour réaliser les économies projetées dans son plan de dépenses, le gouvernement devra couper des milliards de dollars de plus dans les services publics. Or, il n’a ni identifié ni annoncé ces compressions dans le secteur de la santé, alors qu’elles sont nécessaires même pour l’exercice financier en cours. Et elles s’aggraveront au fil des ans pour représenter 5,2 milliards de dollars sur les 8 milliards de coupes totales requises par le plan financier de l’État en 2023-24.
« Même si les coupes en santé identifiées par les conservateurs jusqu’à présent sont importantes et pénibles, 5,2 milliards de dollars, c’est beaucoup plus, souligne M. Hurley. Dans le nord-est de l’Ontario, des villes comme Sudbury, où les taux de maladies sont plus élevés, des compressions de cet ordre vont faire beaucoup de mal aux patients et diminuer la capacité des hôpitaux déjà en difficulté. Les conservateurs créent une crise d’accès aux soins. La médecine de couloir va s’aggraver. »
Le gouvernement conservateur de Mike Harris avait imposé des coupes particulièrement pénibles dans son premier budget, mais celles-ci n’avaient duré que quelques années avant qu’il soit obligé de faire machine arrière dans sa troisième année au pouvoir, à la suite des pressions généralisées de la population et d’une hausse des dépenses de huit pour cent. Le gouvernement conservateur de Doug Ford prévoit au moins cinq années d’austérité (il n’a encore fait aucun rapport sur ce qu’il compte faire dans les années six et suivantes). Le BRFO note que les réductions sont similaires à celles des années 90 et correspondent à environ dix pour cent, en termes réels, de l’ensemble des dépenses de l’État, soit environ 1 100 dollars constants par personne.
M. Hurley a aussi publié « Protéger l’essentiel », un rapport basé sur les restrictions budgétaires de 2019, la croissance démographique, le vieillissement de la population et l’inflation. Ce rapport montre que les coupes réelles par habitant proposées à l’échelle provinciale sur cinq ans représentent plus de 15 pour cent du budget des hôpitaux. Si on appliquait ces compressions dès aujourd’hui aux hôpitaux ontariens, cela représenterait une perte de 4 012 lits et de 28 197 employés pour répondre aux besoins actuels de la population.
À Sudbury, la capacité des hôpitaux serait réduite de 72 lits et de 574 employés.
« Nos résultats montrent que les conservateurs ne font pas ce qu’ils ont promis, résume M. Hurley : ils ne protègent pas l’essentiel. Au contraire, les réductions prévues pour les hôpitaux sont plus profondes que dans les autres secteurs. Le plan du gouvernement va intensifier considérablement les problèmes actuels en matière d’accès aux soins dans les hôpitaux. Malheureusement, le premier ministre et le ministre de la Santé prétendent régler le problème de la capacité des hôpitaux en détournant l’attention sur une réorganisation du système de santé et en évitant de parler des coupures et des privatisations de services à venir. »