Avez-vous déjà entendu parler du concept d’intersectionnalité? Savez-vous qu’il découle d’une analyse de la discrimination en milieu de travail?
Kimberlé Crenshaw, une éminente spécialiste de la Théorie critique de la race, a inventé ce terme en 1989, alors qu’elle étudiait une affaire judiciaire survenue aux États-Unis. Un groupe de femmes noires a poursuivi General Motors pour discrimination fondée sur la race et le sexe.
Ces femmes ont démontré que GM engageait des hommes pour certains types d’emplois (à l’atelier, par exemple) et des femmes pour d’autres (comme le secrétariat). De plus, la compagnie embauchait des hommes noirs pour les postes à prédominance masculine, mais elle n’embauchait pas de femmes noires pour les postes à prédominance féminine.
Le tribunal a rejeté leur plainte. Il a affirmé qu’on ne pouvait pas combiner discrimination raciale et sexuelle. Il n’existait aucun cadre juridique reconnaissant l’interaction entre ces formes de discrimination que vivent les femmes de race noire ou la différence entre cette situation et celle des femmes de race blanche ou des hommes de race noire.
Aujourd’hui, le concept d’intersectionnalité dépasse le monde du travail. Il est utilisé pour reconnaître et comprendre les multiples façons dont les personnes sont confrontées à la discrimination. L’utilisation d’une analyse intersectionnelle dans le cadre de la négociation collective contribue aux efforts du SCFP visant à faire avancer les droits de la personne et l’équité, y compris auprès des femmes, des Autochtones, des personnes noires et racisées, des personnes ayant un handicap et des personnes LGBTQ2+.
L’intersectionnalité est une approche importante pour nos sections locales et l’ensemble du mouvement syndical. Lorsqu’on examine qui sont les laissés-pour-compte dans un lieu de travail, on trouve des moyens pour améliorer leur sort à la table de négociations. Par exemple, l’étude de la précarité d’emploi dans une perspective intersectionnelle aide à comprendre pourquoi les femmes racisées affichent un écart salarial plus important face aux hommes que les femmes blanches.
Il faut tenir compte des différentes conséquences que les systèmes de pouvoir et de discrimination ont sur certaines personnes. Pour construire une économie qui respecte tous les travailleurs, il faut comprendre les obstacles auxquels ils sont confrontés et tenir compte des personnes affectées pour éliminer ces obstacles à la table de négociations. Une approche intersectionnelle contribue au renforcement de la solidarité et incite à l’action pour une économie inclusive.
Le SCFP a produit une trousse intitulée Négocier l’égalité pour aider ses sections locales à rendre leur milieu de travail plus équitable et plus inclusif. Il existe de nombreuses façons de lutter pour l’égalité à la table de négociations. On peut travailler sur l’équité salariale et l’équité en emploi, résister aux clauses de disparité de traitement, réclamer des mesures d’accommodement pour les membres qui ont des besoins différents (garde d’enfants, accessibilité des édifices, santé mentale, traduction des documents importants dans la langue maternelle), ou encore négocier une clause anti-harcèlement qui protège les travailleurs du racisme, de l’islamophobie ou de la transphobie au travail.
Le SCFP a produit plusieurs autres ressources sur ce sujet, dont les titres suivants :