Selon le SCFP, le plus grand syndicat de la santé en Ontario, on ne trouvera pas de personnel pour bon nombre des nouveaux lits en soins de longue durée (SLD) promis par le gouvernement Ford, y compris ceux qui ont été annoncés aujourd’hui à Vaughan, en raison de la pénurie de personnel qui sévit à travers la province.
« Le ministre Calandra peut faire toutes les annonces qu’il veut, mais s’il n’a pas de plan à long terme pour attirer et retenir du personnel, ces lits pourraient aussi bien figurer dans un roman fantastique », estime Debra Maxfield, présidente du Comité de coordination des travailleuses et travailleurs de la santé du SCFP. « Dans les soins de longue durée, nous avons travaillé comme des héros tout au long de la pandémie et nous avons été récompensés par trois ans de restriction salariale. Les gens quittent le secteur en masse. »
Le taux de postes à pourvoir dans les établissements d’hébergement et de soins infirmiers a augmenté de 457 pour cent depuis 2015. Cette tendance va certainement s’aggraver à mesure que le gouvernement persiste à subventionner des établissements privés aux salaires et aux conditions de travail chroniquement médiocres et, comme la pandémie l’a révélé, aux normes de soins mortellement faibles.
À l’échelle provinciale, le seul secteur des soins de longue durée a besoin d’attirer 59 000 infirmières, infirmiers et préposé(e)s aux services de soutien à la personne (PSSP) au cours des prochaines années.
Ce sera difficile compte tenu de la tendance actuelle dans le secteur et de la restriction salariale imposée par la loi 124. C’est particulièrement le cas dans la Région de York, où le temps d’attente de près de neuf mois pour un lit en SLD est déjà de 40 pour cent supérieur à la moyenne provinciale.
« Le premier ministre qualifie les travailleuses et travailleurs de la santé de héros, mais il a limité les augmentations de salaire dans ce secteur presque entièrement féminin, ce qui laisse les gens environ six pour cent derrière l’inflation, explique Mme Maxfield. C’est irrespectueux et hypocrite. Dans les établissements de SLD, nous travaillons tout le monde ensemble, en équipe : infirmières, PSSP, personnel d’alimentation, de ménage, de mobilité, etc. Trop souvent de nos jours, les gens gagnent plus d’argent à leur deuxième emploi dans une épicerie ou une chaîne de restauration rapide. C’est une honte. »
Les augmentations temporaires ou ponctuelles pour une ou deux classes d’emploi, comme le gouvernement l’a proposé pour les PSSP, n’apporteront pas de solution à long terme. Même le projet de loi très apprécié du gouvernement visant à augmenter le nombre d’heures de soins directs d’ici 2025 échouera sans plan global d’augmentation des salaires et d’amélioration des conditions de travail.
Il faudrait commencer par prioriser la construction de soins de longue durée publics et sans but lucratif, afin que les fonds publics ne soient pas détournés du personnel et des soins pour générer des dividendes pour des actionnaires fortunés. La pandémie a fait ressortir les mauvaises conditions dans les établissements de SLD à but lucratif, qui ont enregistré un nombre moyen de décès beaucoup plus élevé que les établissements publics ou à but non lucratif. L’autre étape importante consiste à augmenter les salaires et les conditions de travail pour rendre le secteur attrayant pour les dizaines de milliers de personnes que le gouvernement doit recruter.
Le SCFP représente plus de 90 000 travailleuses et travailleurs de la santé en Ontario, y compris ceux de plus de 240 établissements de retraite et de soins de longue durée.