Alors que des milliers de membres de diverses professions hospitalières font du bénévolat dans les établissements de soins de longue durée (SLD) touchés par des éclosions de COVID-19, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) remet en question le bien-fondé de la décision de ne pas transférer les résidents à l’hôpital.

Dans d’autres provinces qui réussissent beaucoup mieux à contenir la COVID-19, on transfère les résidents en foyers de SLD dans un établissement (comme un hôpital) où ils peuvent recevoir des soins plus poussés. En « isolant » ainsi les résidents atteints de la COVID-19, on protège les autres résidents du même foyer qui n’ont pas encore le virus, mais qui, en raison de leur âge ou de leur état fragile, sont plus à risque d’infection. Les foyers de soins de longue durée de l’Ontario n’ont pas été en mesure d’appliquer les normes de distanciation sociale dans les chambres, les toilettes communes, les couloirs (où les résidents peuvent errer) ou les salles à manger. En retirant des foyers les patients souffrant de la COVID-19, on rendrait la chose plus possible.  

De plus, dans d’autres pays, le contrôle de la propagation du coronavirus passe par un nombre élevé de tests administrés aux employés, aux résidents et aux patients.

Le SCFP demande au gouvernement de l’Ontario de réévaluer certaines de ses décisions récentes, plus précisément d’envoyer les résidents atteints de la COVID-19 à l’hôpital et de tester davantage le personnel, les patients et les résidents dans les hôpitaux et milieux de soins de longue durée. La plupart des hôpitaux ontariens disposent de la capacité nécessaire pour accepter ces transferts.

« Si les données démontrent qu’il faut transférer les résidents vulnérables ayant la COVID-19 vers des centres et des hôpitaux spécialement équipés à cet effet et qu’il faut multiplier les tests, pourquoi le gouvernement de l’Ontario va-t-il dans l’autre sens? », demande Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux du SCFP-Ontario (CSHO-SCFP). « Le courage, la compassion, l’expertise et l’altruisme des bénévoles sont très inspirants. Mais, ne serait-ce pas mieux, comme politique, d’envoyer à l’hôpital les résidents en SLD porteurs de la COVID-19? »

Lundi midi, 114 foyers de SLD étaient en épidémie, pour un total de 1965 résidents, employés et autres personnes infectées. Les médias signalent que le gouvernement de l’Ontario estime les éclosions dans les SLD de 40 pour cent. Les résidents en SLD infectés sont 47 pour cent plus susceptibles de mourir que les cas communautaires de COVID-19.

Quoi qu’il se passe dans la communauté, le taux d’infection dans les SLD n’a pas encore atteint son sommet. « Malheureusement, de nombreux résidents meurent », souligne la secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario, Candace Rennick, qui critique la politique du gouvernement provincial de réaffecter le personnel hospitalier aux soins de longue durée. 

« C’est illogique. On interdit aux employés des SLD de travailler dans plus d’un établissement, mais le personnel hospitalier peut retourner dans son hôpital tant qu’il est asymptomatique. Pourtant, on court le risque que des employés hospitaliers retournent à leur poste en hôpital sans avoir été testés ou isolés. »