Le budget provincial déposé hier par le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, représente une « négligence crasse des devoirs » du gouvernement conservateur Ford envers le secteur universitaire ontarien, selon David Simao, président du Comité de coordination des travailleurs universitaires de l’Ontario (CCTUO), qui parle au nom de plus de 30 000 travailleurs universitaires représentés par le SCFP dans toute la province.
« Même dans une année normale, le mépris et l’indifférence totale de ce budget à l’égard de l’enseignement postsecondaire se seraient démarqués, ajoute-t-il. Mais, au milieu d’une pandémie mondiale qui ne survient qu’une fois par siècle, qui a mis en lumière tant de besoins critiques dans tous les secteurs de l’économie ontarienne, il s’agit d’une négligence crasse des devoirs du ministre responsable des universités et de l’ensemble du caucus conservateur de Ford. »
Le budget déposé hier poursuit la tendance aux coupes, en dollars réels, dans le secteur universitaire. La subvention de fonctionnement de base de 3,6 milliards de dollars proposée pour les 21 universités publiques de l’Ontario dans le document budgétaire d’hier ne parvient même pas à suivre l’inflation. Ainsi, de manière concrète, le montant que dépense le provincial par étudiant a diminué chaque année sous le gouvernement conservateur de Ford.
En outre, l’enveloppe de 700 millions de dollars annoncée pour garnir les rangs des préposés aux services de soutien à la personne (PSW), afin d’aider les Ontariens qui reçoivent des soins à domicile ou qui vivent en établissement de soins de longue durée (SLD), ne contient pas d’argent frais. Les conservateurs de Ford ont plutôt détourné des fonds destinés au Régime d’aide financière aux étudiantes et étudiants de l’Ontario (RAFEO) qui s’adresse aux personnes qui poursuivent des études postsecondaires.
« Le discours sur le budget d’hier du ministre Bethlenfalvy faisait près de 6 000 mots, mais un mot brillait par son absence : à aucun moment n’y a-t-on entendu le mot université », déplore Fred Hahn, président du SCFP-Ontario.
« C’est comme si un pilier vital du développement socioéconomique de toute grande nation industrialisée n’existait pas aux yeux des plus hauts fonctionnaires du gouvernement conservateur Ford, ajoute-t-il. Où le Cabinet pense-t-il que les médecins, les infirmières, les chercheurs, les scientifiques, les experts en santé publique et d’innombrables autres disciplines directement chargées de lutter contre les pandémies comme la COVID-19 reçoivent leur formation ? »
Depuis leur arrivée au pouvoir au début de l’été 2018, les conservateurs de Ford ont retranché des millions de dollars du secteur universitaire. En février dernier, l’Université Laurentienne de Sudbury a été contrainte de se placer sous la protection de ses créanciers, pendant que les conservateurs de Ford ne faisaient rien pour garder solvable cette institution du Nord de l’Ontario.
« Un gouvernement qui ne prononce même pas le mot université dans son discours sur le budget n’a rien à offrir à un secteur de l’économie qui devrait être à l’avant-garde pour aider la province à sortir de cette pandémie », estime Fred Hahn, qui a exhorté « tous les Ontariens soucieux de la qualité de l’enseignement postsecondaire public à se mobiliser et à faire comprendre leur point de vue au gouvernement. »
« Ce budget ne fait rien pour aider l’Université Laurentienne, les étudiants, les travailleurs universitaires ou le personnel de soutien des campus, renchérit David Simao. Il ne s’est même pas donné la peine de débiter des platitudes creuses. Par conséquent, la tâche nous incombe à tous de militer en faveur des universités avant que le gouvernement ne laisse ce secteur s’enfoncer encore plus profondément dans la crise. »