Effets de glissement : Le terrible impact économique de la pandémie de COVID-19 compliquera le suivi et l’interprétation des indicateurs économiques cette année. De nombreux indicateurs comparent la croissance d’une année à l’autre. Or, les indicateurs ont connu plusieurs variations soudaines et brusques l’an dernier. En les interprétant, il faudra tenir compte des fluctuations enregistrées.
Croissance économique : L’économie canadienne profite d’une demande mondiale accrue pour certaines matières premières, comme le bois d’œuvre, l’acier et les produits agricoles. Cela a permis au dollar canadien de s’échanger près ou au-dessus de 80 cents américains depuis la mi-mars. Le FMI prévoit que la croissance économique réelle au Canada sera de 5 % cette année, mais cela dépend de la poursuite de la vaccination et des autres mesures visant à prévenir une quatrième vague. Le boom des matières premières est fortement régionalisé. La forte croissance dans certains secteurs et l’augmentation de la valeur du dollar canadien qui en résulte constitueront un frein économique dans d’autres régions. Les plans de relance gouvernementaux devront tenir compte de cette reprise à deux vitesses.
Emploi : L’emploi pour les personnes à plus haut salaire est revenu au niveau d’avant-pandémie, mais c’est loin d’être le cas chez les personnes à bas salaire, en particulier dans les secteurs fortement touchés comme l’hôtellerie, le tourisme et la restauration. Le chômage de longue durée a connu une augmentation importante. En effet, en date d’avril 2021, plus d’un demi-million de personnes étaient au chômage depuis 27 semaines ou plus.
Salaires : Les indicateurs salariaux sont légèrement trompeurs pendant la pandémie de COVID-19. Le salaire moyen a augmenté, mais uniquement parce qu’il y a moins de personnes à bas salaire sur le marché du travail. Les employeurs du secteur public risquent toutefois d’être réticents à bonifier les salaires, bien que les associations d’employeurs du secteur privé parlent déjà de pénurie de main-d’œuvre, ce qui est probablement dû à la faiblesse de la rémunération proposée. Le prix de la nourriture et du logement continuant d’augmenter, les travailleuses et les travailleurs doivent continuer à exiger des augmentations salariales.
Inflation : L’inflation globale commence à se redresser, mais il reste à voir si la pression sur les prix est temporaire. L’effet de glissement (la comparaison de l’année en cours à l’année précédente durant laquelle les prix ont été très volatils) complique l’interprétation des indicateurs d’inflation. L’indice des prix à la consommation (IPC) global pour avril 2021 était de 3,4 %, plus élevé que la cible de la Banque du Canada, mais ce n’est qu’en raison des effets de glissement. La banque centrale calcule trois variantes de l’IPC : l’IPC-réduit, l’IPC-médian et l’IPC-commun. Les trois mesures de l’IPC ont oscillé entre 1,7 et 2,3 % en avril, ce qui indique qu’il y a encore suffisamment de marge pour que les gouvernements investissent dans les infrastructures nécessaires sans contribuer à une hausse excessive de l’inflation.
Taux d’intérêt : La Banque du Canada prévoit maintenir son taux directeur à 0,25 % jusqu’à la fin de 2022. Cela signifie que les taux pourraient commencer à augmenter plus tôt que prévu. Les emprunts des gouvernements restent abordables, les obligations fédérales sur 30 ans se vendant à un taux d’intérêt de 2 %.