Cette édition enrichie fournit des précisions sur les effets économiques de la COVID-19 : ce que nous constatons présentement, ce qui pourrait survenir dans les mois à venir, ainsi que les possibles répercussions pour les membres du SCFP.

Croissance économique – Partout dans le monde, les efforts pour contenir la propagation de la COVID‑19 ont eu un profond impact sur l’activité économique au printemps 2020. Dans les pays à revenu élevé, les efforts de confinement ont permis de réduire considérablement le nombre de cas et les gouvernements ont commencé à rouvrir leurs économies en juin et juillet. L’activité économique a d’abord connu un rebond, qui s’est atténué en août. La plupart des économistes prévoient que la reprise complète prendra beaucoup de temps. Les activités du commerce de détail sont presque revenues au niveau d’avant la pandémie, mais les services de restauration, les loisirs et la culture n’ont récupéré qu’une fraction de leurs pertes. La Banque du Canada estime que l’économie mondiale se contractera de 5,2 % en 2020, avant de rebondir en 2021 et en 2022. La reprise économique aux États-Unis, le principal partenaire commercial du Canada, demeure beaucoup plus incertaine puisque le nombre de cas de COVID‑19 continue d’augmenter.

Emplois – Le taux de chômage réel en avril a avoisiné les 30 %, alors que 5,5 millions de travailleurs ont été affectés par la fermeture de l’économie canadienne. En août, la situation de l’emploi s’est grandement améliorée, mais 1,8 millions de travailleurs avaient tout de même perdu leur emploi ou des heures de travail en raison de la COVID-19. Le taux d’emploi pour les travailleurs recevant des salaires élevés est presque revenu à la normale, (99 % du taux enregistré en février), mais le taux d’emploi demeure considérablement bas pour les travailleurs à faibles salaires du secteur des services par rapport au taux pré-pandémie (seulement 86 % de ceux qui occupaient un emploi en février travaillent présentement). Le versement de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) prendra bientôt fin et les bénéficiaires seront transférés à l’assurance-emploi ou recevront la nouvelle prestation parallèle s’ils ne sont pas admissibles à l’assurance-emploi. À moins que des changements importants ne soient apportés à l’assurance-emploi, de nombreux travailleurs recevront des prestations beaucoup plus faibles ou perdront complètement l’accès aux prestations.

En juillet, Statistique Canada a commencé à recueillir des informations fondées sur la race dans son enquête mensuelle sur la population active, ce qui nous aidera à mieux comprendre les impacts de la pandémie et de ses conséquences économiques sur les personnes racisées. Statistique Canada a constaté que le chômage au pays était plus élevé chez les personnes d’origine sud-asiatique (17,8 %), arabe (17,3 %) et noire (16,8 %), comparativement à 9,3 % chez les personnes blanches.

Salaires – Les conséquences profondes et spectaculaires de cette récession affecteront les négociations car les employeurs du secteur public seront probablement très réticents à accorder des augmentations salariales. Les bonis temporaires des travailleurs essentiels ont pris fin, même si leurs employeurs comptent parmi les plus grandes entreprises au pays, qu’ils ont poursuivi leurs activités pendant la pandémie et qu’ils sont devenues encore plus rentables. La nécessité de recruter et de retenir davantage de travailleurs dans les secteurs des services de garde, de l’éducation et des soins de santé pourrait entraîner une hausse des salaires attendue depuis longtemps dans ces secteurs.

Inflation – L’inflation restera probablement faible à court terme, mais le prix de certains produits pourrait être affecté par une demande accrue et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement locales ou mondiales. Par exemple, les prix du bœuf et du porc ont bondi en juin, car les usines de transformation ont temporairement fermé en réponse aux éclosions de COVID-19. Les prix à la pompe ont aussi rebondi et ils n’entraînent plus l’ensemble des prix à la baisse. L’impact de l’inflation est inégal car les coûts de location ont légèrement augmenté alors que les frais hypothécaires ont diminué.

Taux d’intérêt – La Banque du Canada s’attend à maintenir son taux directeur à 0,25 % pendant plusieurs trimestres et elle continue d’offrir du soutien financier aux prêteurs hypothécaires et aux gouvernements. Les banques se sont pliées à la pression populaire et ont stabilisé les marchés, tout en abaissant le coût des prêts pour un grand nombre de leurs produits. Les emprunts gouvernementaux n’ont jamais été aussi abordables : les obligations de 30 ans du gouvernement fédéral ayant un taux d’intérêt de 2,0 %.