La montée de l’intelligence artificielle entraîne la multiplication des centres de données qui alimentent les technologies numériques. Cet essor considérable exercera une pression sur les ressources en eau et en énergie. Les gouvernements doivent élaborer des lois et des politiques qui protègent l’intérêt public, et non les profits des entreprises.
Les centres de données sont de grands entrepôts qui consomment d’énormes quantités d’énergie pour faire fonctionner les serveurs et l’équipement réseau dont dépendent les technologies numériques.
L’Ontario est la première province à avoir déposé un projet de loi pour régir les grands centres de données qui se branchent au réseau électrique. On compte déjà 112 de ces centres dans la province. Le projet de loi 40 pourrait permettre au gouvernement provincial de payer les factures d’électricité des centres de données avec les fonds publics.
Le SCFP craint que cette ouverture fasse passer les intérêts des entreprises avant l’intérêt public. Tous les gouvernements devraient appliquer les principes directeurs suivants dans leurs lois et politiques encadrant les centres de données.
- Pas de subventions aux centres de données
Les fonds publics ne devraient financer que des projets qui apportent un gain pour la population. Les centres de données abritant les serveurs d’IA ont une empreinte physique considérable. Ils consomment des millions de litres d’eau pour fonctionner et une quantité d’énergie énorme, dont l’ampleur n’a toutefois jamais été divulguée. Ils rejettent également des dizaines de milliers de tonnes de CO2 dans l’atmosphère et ne créent que très peu d’emplois dans leurs communautés d’accueil. Enfin, leur offrir des subventions pourrait faire augmenter les tarifs d’électricité pour le reste de la population.
- Du soutien aux services d’eau municipaux
Les centres de données ont besoin d’eau traitée pour refroidir l’équipement informatique. Il faudrait exiger que les centres utilisent des compteurs pour que les municipalités puissent surveiller et facturer le coût total de leur consommation. Si ce n’est pas possible, le gouvernement provincial devrait soutenir financièrement les services d’eau des municipalités si ces dernières ont du mal à satisfaire les besoins d’un centre de données.
- Moins de technologie américaine
Les gouvernements devraient donner la priorité à la souveraineté numérique et devenir des leaders en développant une infrastructure numérique publique exploitée dans l’intérêt public. Cette infrastructure, qui englobe notamment l’infonuagique, l’IA et les plateformes numériques, pourrait améliorer la qualité de la prestation des services publics, en plus de protéger les renseignements personnels de nature sensible. L’établissement d’une infrastructure numérique publique favorise la transparence, la responsabilité et le rapport coût-efficacité, en plus de garantir que la propriété intellectuelle reste au Canada et est utilisée pour le bien public.
- Consultation de tous les groupes concernés
Les gouvernements doivent mener des consultations exhaustives pour tout nouveau projet, et ne pas éliminer la soi-disant « bureaucratie » dans le but d’accélérer la construction de centres de données et leur branchement au réseau. Les communautés avoisinantes, y compris les nations autochtones, devraient être consultées avant le début des travaux. Tout nouveau projet d’infrastructure de grande envergure exige transparence et responsabilité, ainsi que le consentement de la communauté pour fonctionner.