Les coupes de personnel au Centre régional de santé de North Bay, dans le nord de l’Ontario, affectera toutes les facettes des soins de santé, contrairement à ce qu’affirment le PDG de l’hôpital et le député conservateur Vic Fideli, qui soutiennent que ça n’aura « aucune incidence sur les services ». Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) s’est indigné de la situation lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui à North Bay.
L’hôpital a récemment annoncé 40 mises à pied touchant notamment du personnel infirmier, des préposé(e)s aux soins personnels, du personnel de bureau, un poste de technicien(ne) en pharmacie et un poste de service des repas aux patient(e)s.
« La vérité, c’est que le personnel subit une intense pression en raison du fort volume de patient(e)s. Nous avons désespérément besoin de plus de personnel et de ressources, pas de moins », s’est insurgé Mike Turgeon, président du SCFP 139. « Une infirmière m’a récemment confié qu’elle craignait chaque jour de commettre une erreur qui mettrait à risque les personnes qu’elle soigne et qui lui ferait perdre son permis d’exercice. Ça l’angoisse tellement qu’elle va souvent se cacher dans les toilettes pendant ses pauses pour pleurer. Si la direction de l’hôpital et nos politicien(ne)s prétendent que tout va bien, c’est juste pour camoufler les vraies conséquences de ces coupes. »
La pénurie de personnel à l’hôpital nuit grandement à la qualité des soins proposés et à l’accès à ces soins, plaide le syndicat.
Les dernières données d’août 2025 révèlent que la durée moyenne du séjour au Centre régional de santé de North Bay pour les personnes admises aux urgences était de 17,3 heures, plus de deux fois la cible de 8 heures que s’est fixée la province, et que seulement 41 % des patientes et patients avaient été admis dans le délai prescrit.
« Aux urgences, on rencontre d’abord une infirmière ou un infirmier, puis un membre du personnel administratif. En quoi supprimer ces postes aidera-t-il à améliorer les soins? Comment un hôpital qui échoue déjà 59 % du temps à admettre les patient(e)s dans un délai raisonnable peut-il se permettre des coupes supplémentaires? On en vient à se demander si le gouvernement n’a pas simplement renoncé à ses propres normes », ajoute Mike Turgeon.
Michael Hurley, président du CSHO-SCFP, reproche au gouvernement provincial d’avoir appliqué des mesures d’austérité qui font en sorte que les hausses de coûts prévues pour les hôpitaux, en dollars réels, ne seront même pas à demi couvertes.
Une récente analyse produite par le Bureau du directeur de la responsabilité financière de l’Ontario signale d’ailleurs que le manque de 19,4 milliards de dollars dans le budget des soins de santé pour les trois prochaines années obligera à fermer 2 500 lits à l’échelle de la province.
« La population de North Bay est croissante et vieillissante. Elle a vraiment besoin de services de santé. Or, le plan financier du gouvernement condamnera les patientes et patients à être soignés dans les couloirs, à attendre plus longtemps avant d’être opérés et à recevoir des soins de moindre qualité, au grand désespoir du personnel de la santé », souligne Michael Hurley.
Le SCFP estime que l’hôpital de North Bay aurait besoin d’ouvrir environ 120 postes chaque année pour répondre à la demande.
« Le financement des hôpitaux ne suit pas la croissance de la demande, poursuit le président du CSHO-SCFP, et ce sont les effectifs qui en paient le prix. Leur moral est extrêmement bas, car il ne leur est pas possible d’offrir de bons soins aux patient(e)s dans le contexte actuel, et ça va à l’encontre de leur déontologie. »
Le syndicat prévoit lancer une campagne pour protéger les emplois et les services.
« Nous avons confiance que les gens de North Bay prendront avec nous la défense de leur hôpital, a exprimé Mike Turgeon. Nous utiliserons les ressources du SCFP pour mobiliser la collectivité et protéger nos services. »
Le SCFP 139 représente un millier d’employé(e)s réparti(e)s entre les cinq sites du Centre régional de santé de North Bay.