Vendredi dernier, un article publié sur le site SooToday soulignait que le conseil scolaire catholique anglophone du district Huron-Supérieur avait embauché une nouvelle orthophoniste pour répondre aux besoins des élèves de maternelle qui fréquenteront la St. Basil Catholic Elementary School. Bien que cette annonce d’embauche soit une excellente nouvelle pour le soutien aux élèves, l’article omettait de signaler un problème d’une envergure autrement inquiétante : la décision du conseil scolaire, en juin 2025, de supprimer 70 postes d’aides-enseignant(e)s.
« Ces emplois n’étaient pas facultatifs. Ils étaient absolument essentiels. Leur abolition aura des conséquences désastreuses pour les élèves qui ont besoin de soutien individuel, notamment au niveau de l’aide pédagogique et de l’assistance médicale vitale », se désole Crystal Krauter, présidente du SCFP 4148 et représentante du personnel en éducation travaillant sous la direction du conseil scolaire.
La création de ces 70 emplois avait découlé du financement fédéral issu du Principe de Jordan, un programme conçu pour éviter les conflits de compétence et offrir des soins immédiats aux enfants des Premières Nations. Malheureusement, les compressions discrétionnaires récentes apportées au financement par le fédéral ont causé des pertes d’emploi substantielles. Jusqu’à présent, le gouvernement de l’Ontario ne donne aucun signe de vouloir remplacer le financement volatilisé, laissant pour compte des centaines d’élèves et de travailleuses et travailleurs en éducation.
Le président du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO), Joe Tigani, dénonce cette situation dangereuse et réclame une réaction du gouvernement provincial. « C’est exactement pour prévenir ce genre de situation que le Principe Jordan a été adopté. On voulait éviter aux enfants, tout particulièrement ceux et celles des Premières Nations, de payer pour les conflits bureaucratiques entre les paliers de gouvernement. On vit maintenant les tristes conséquences de leur échec. »
Même si l’embauche d’une orthophoniste est un pas dans la bonne direction, le SCFP 4148 insiste sur le fait que cette initiative est loin de remplacer l’important soutien individuel que les aides-enseignant(e)s apportaient quotidiennement.
« Avec 70 aides-enseignant(e)s en moins dans nos écoles, le personnel restant se retrouvera sollicité jusqu’à l’épuisement. Les élèves qui ont des besoins complexes, comme la surveillance médicale, l’accompagnement comportemental et l’aide quotidienne à l’apprentissage, n’auront plus accès aux services qui favorisaient leur épanouissement. Ce fardeau sera dorénavant porté par du personnel en sous-effectif », précise Crystal Krauter.
Cette crise ne touche pas uniquement le conseil scolaire catholique anglophone du district Huron-Supérieur. Partout en Ontario, les conseils scolaires sont aux prises avec des engagements de financement flous de la part du provincial alors que l’année scolaire 2025-2026 s’apprête à débuter. Si le gouvernement Ford ne couvre pas l’écart de financement sur-le-champ, ce sont les élèves et le personnel qui en subiront les conséquences.
« Il est temps que le gouvernement agisse. Il doit rétablir les 70 emplois pour que les élèves aient droit au soutien constant et de qualité qui leur revient », conclut Joe Tigani.