La pandémie de COVID-19 a fait ressortir les problèmes de soins et de personnel des centres de soins de longue durée (CSLD) de l’Ontario. Doug Ford avait promis de régler la situation, mais les résultats ne sont jamais venus, a fait savoir aujourd’hui à une conférence de presse le personnel de première ligne d’Extendicare Laurier Manor, à Ottawa.
« La manière dont un gouvernement traite les membres les plus vulnérables de sa population et les personnes qui en prennent soin en dit long sur ses véritables priorités », a assené l’infirmier auxiliaire autorisé Ian Rayment, président du SCFP 2770 à Laurier Manor. « Pour nous qui travaillons dans les CSLD, il est évident que la dotation adéquate en personnel, essentielle au bien-être des résidentes et résidents, n’est aucunement dans la mire du premier ministre. Doug Ford et son gouvernement ont failli à soutenir ces gens vulnérables, les membres de leur famille et le personnel qui les soignent. Il n’y a aucune stratégie concrète pour remédier à la pénurie de personnel, attirer et conserver du personnel de première ligne, et améliorer la qualité des soins. »
Ian Rayment exhorte l’électorat d’Ottawa à jeter un regard critique sur les promesses brisées du gouvernement Ford concernant les soins aux personnes âgées vulnérables avant d’aller aux urnes dans quelques jours.
« Malgré la législation ayant récemment porté à quatre heures le temps minimum de soins quotidiens devant être consacré aux résidentes et résidents, la réalité n’a malheureusement pas changé », poursuit le représentant syndical. Le manque d’effectif demeure la norme, et la charge de travail augmente sans cesse. Pour empirer les choses, le système de paie à Extendicare Laurier Manor a de graves défauts de programmation, si bien que très souvent, le personnel de première ligne ne reçoit pas sa juste rémunération.
« Nos sous nous sont enlevés, nos heures ne nous sont pas correctement rémunérées, nous ne pouvons même pas avoir l’assurance de recevoir de quoi payer notre épicerie ou notre loyer d’une semaine à l’autre. Ça peut paraître un simple désagrément pour de modestes travailleuses et travailleurs salariés comme nous, mais ça ne l’est pas. Très souvent, le nouveau personnel quitte avant même d’avoir fini sa probation, n’arrivant pas à soutenir l’instabilité créée sur les revenus hebdomadaires », explique Ian Rayment.
Non seulement la norme des quatre heures de soins n’a rien changé dans les faits, mais en plus, sous le régime des progressistes-conservateurs, les listes d’attente ont doublé en dix ans. Et on prévoit que ça se poursuive : plus de 50 000 personnes pourraient s’y trouver inscrites en 2025. Selon l’organisme Qualité des services de santé Ontario, considérant la croissance démographique des personnes âgées prévue pour les dix prochaines années, la demande en soins de longue durée devrait augmenter de 38 % en moyenne dans la province, et jusqu’à 43 % dans la région d’Ottawa, soit 5 % de plus. Or, les gens attendent déjà 246 jours pour accéder aux soins de longue durée dans la région de Champlain, qui comprend Ottawa.
« Là aussi, c’est bien au-delà de la moyenne ontarienne de 201 jours, souligne Ian Rayment. Seule une fraction des 30 000 nouvelles places en SLD promises d’ici 2028 par le parti au pouvoir se sont concrétisées. Au rythme actuel, il faudra 125 ans pour atteindre l’objectif fixé. »
Les travailleuses et travailleurs des CSLD membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) demandent au prochain gouvernement, quel qu’il soit, d’agir en prenant les mesures suivantes :
- S’assurer que la norme de soins quotidiens apportés aux résident(e)s des CSLD atteigne bel et bien quatre heures par personne chaque jour, comme prescrit par la loi.
- Accélérer sérieusement l’ouverture de nouvelles places dans les CSLD.
- Offrir plus de temps plein dans les CSLD.
- Augmenter le salaire de toutes les catégories d’emploi dans les CSLD afin de conserver le personnel de première ligne.