Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Comité national pour la justice raciale et du Conseil national des Autochtones. L’article de ce mois-ci présente Kimberley Loppie, membre du Conseil national des Autochtones.
La dernière fois que Kimberley Loppie a téléphoné aux membres de sa section locale pour les inviter à participer au vote de grève, elle a effectué 265 appels. Au-delà du nombre d’appels, elle est particulièrement fière du résultat : parmi ses collègues, tous ceux et celles ayant récemment immigré au Canada ont choisi de voter.
Elle attribue ce succès à ce qu’elle est. « Je suis autochtone et mon mari est afro-néo-écossais. Je suis consciente de ma différence et je vois celle des autres, ce qui les amène à venir vers moi. » Kimberley est assistante en soins continus au foyer de soins Saint-Vincent à Halifax. Elle est vice-présidente du SCFP 1082 et conseillère en communications au Comité de coordination des soins de longue durée du SCFP–Nouvelle-Écosse, en plus de siéger au Conseil national des Autochtones du SCFP ainsi qu’au Conseil autochtone de la région Maritimes-Atlantique du SCFP (CAMAS).
De nouvelles embauches qui apportent de la diversité
Le milieu de travail évolue rapidement au foyer Saint-Vincent, explique Kimberley : le nombre d’heures de soins à prodiguer aux résident(e)s ayant récemment augmenté, il a fallu procéder à de nouvelles embauches. « Beaucoup de personnes immigrent au Canada pour travailler dans le secteur », dit-elle. Ces travailleuses et travailleurs viennent du monde entier, notamment du Nigeria, du Ghana, des Philippines, du Népal et de l’Inde.
En tant que vice-présidente de sa section locale, elle est souvent appelée à répondre aux questions de membres qui soupçonnent l’employeur d’embaucher de nouveaux arrivants et arrivantes pour réduire les salaires et altérer les conditions de travail. Sa réponse est claire : « On n’a pas à contester qui Saint-Vincent embauche, mais du moment que le nouveau personnel occupe des postes syndiqués, il relève de notre convention collective. »
Kimberley affirme qu’elle travaille fort pour promouvoir la compréhension et faire de son milieu de travail un endroit plus sûr pour ses collègues autochtones, noir(e)s et racisé(e)s.
« S’il y a un message que je m’efforce de faire passer, c’est que les personnes autochtones, noires et racisées sont en sécurité chez nous, et que leur voix compte autant, sinon plus, que celle des autres. Et je pense que l’employeur commence à le comprendre », affirme-t-elle.
En montrant que le racisme est inacceptable, le syndicat envoie un message clair à l’employeur.
« On insiste auprès des membres sur le fait qu’une situation malaisante, un commentaire déplacé ou un climat malveillant justifient qu’on remplisse un formulaire de manque de respect au travail. De cette façon, on met l’employeur sur la sellette en le confrontant au fait. »
Elle affirme que sa section locale s’est transformée avec l’évolution de la main-d’œuvre. La diversité des délégué(e)s est plus représentative de celle des membres et un siège représentant la diversité a été créé au sein du conseil exécutif.
Un changement de carrière qui l’a menée au syndicalisme
Kimberley est devenue assistante en soins continus il y a 10 ans, après avoir travaillé dans un centre d’appels. « J’ai dû me recycler et j’ai choisi le métier d’assistante en soins continus parce qu’il y avait une abondance d’emplois. Je ne voulais pas aller suivre une nouvelle formation à l’école pour ne pas trouver d’emploi par la suite. »
Elle fait des quarts de 12 heures pendant lesquels elle aide les résident(e)s à manger, à s’habiller et à accomplir d’autres tâches quotidiennes. Au cours des dix dernières années, elle a constaté une augmentation des besoins; non seulement les hôpitaux sont débordés, mais la population vieillit. « À leur arrivée, les résident(e)s ont déjà besoin d’un lève-personne et d’un fauteuil roulant, mais aussi d’aide pour s’alimenter. Il y a plus d’agressivité, aussi. »
Kimberley aime son travail et se réjouit d’être au service d’un foyer à but non lucratif où les soins passent avant les profits. « Ça change complètement la donne. En plus, certains foyers à but lucratif ne sont pas syndiqués. »
Kimberley a progressé petit à petit dans son syndicat, d’abord comme syndique puis comme déléguée, avant d’assumer des fonctions au sein du conseil exécutif, d’abord comme secrétaire-archiviste et, maintenant, comme vice-présidente. Son expérience dans un centre d’appels lui est certainement utile. « J’ai bien dû passer 10 000 appels pour le SCFP en période électorale », plaisante-t-elle. Elle est également membre de jurys et membre formatrice.
Ce sont des gens de l’exécutif préoccupés par le roulement au sein de la section locale qui l’ont invitée à s’impliquer. « Ils m’ont dit : “Si on ne transmet pas ce qu’on a appris, ces connaissances risquent de se perdre quand on partira”. »
La présidente du SCFP 1082, âgée de 70 ans, possède des connaissances que Kimberley qualifie « de la vieille école ». La personne au poste de secrétaire-archiviste a 19 ans, celle représentant la diversité au sein de l’exécutif a 23 ans et Kimberley se situe à mi-chemin. « On progresse plus vite que d’autres à cet égard », soutient-elle.
Une occasion de trouver sa vérité et sa voix
Pour cette femme autochtone, s’impliquer dans son syndicat a été une expérience transformatrice. « Le SCFP m’a permis de trouver ma vérité, de trouver qui je suis », affirme-t-elle.
« Je suis une Autochtone non inscrite parce que le gouvernement fédéral a décidé de mettre en place un système de pointage et qu’il me manque un point, alors que mon père et ma sœur ont leur carte de statut », dit-elle en décrivant le processus d’inscription applicable à la Première Nation des Mi’kmaq qalipu. « Le SCFP nous permet de nous identifier comme Autochtones et de tirer de la fierté de notre héritage. »
Le fait de pouvoir s’identifier comme Autochtone l’a amenée à s’impliquer dans le CAMAS, puis dans le Conseil national des Autochtones où elle effectue son premier mandat.
« Le syndicat m’a fait comprendre que notre voix est importante. Personne n’a totalement raison, personne n’a totalement tort, mais tout le monde doit pouvoir s’exprimer, et je suis très fière de la diversité de notre milieu de travail. »
Elle désire que l’ensemble des membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s se sentent à l’aise de s’impliquer dans leur syndicat. Celle qui défend chaque membre de sa section locale, sans exception, affirme être guidée par l’Énoncé sur l’égalité du SCFP et son désir de démanteler les barrières.
Elle encourage les membres à demander l’appui de leur section locale pour dénoncer la discrimination et l’injustice. « Tant qu’on ne dénonce pas un fait, celui-ci n’est pas considéré comme un problème, mais comme la norme. Il faut changer la norme », soutient-elle.
Kimberley ne pourrait être plus fière de sa fille, qui suit sa propre voie au sein du syndicat en tant que membre du conseil exécutif du SCFP–Nouvelle-Écosse.
« C’est une jeune travailleuse, mais elle s’identifie à tellement plus que cela. Quand je vois des jeunes s’impliquer, qu’il s’agisse de ma fille ou d’autres jeunes, je sais que le changement est en marche et qu’il aura l’effet d’une tempête. Je pense que les gens seront pris de court parce que les jeunes apprennent l’acceptation bien plus vite que le mépris », pressent-elle.
« Le changement est une bonne chose. »
Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 — « Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites » —, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.