À la veille du dépôt d’un projet de loi à Québec visant à encadrer le recours à la main-d’œuvre dite « indépendante » dans la santé et les services sociaux, le SCFP et la FTQ ont dévoilé des statistiques chocs.
De 2016 à 2022, le coût total de cette main-d’œuvre dans le réseau public est de l’ordre de 3 milliards de dollars. D’année en année, les coûts ont explosé. Ils sont passés de 170 294 033 $ en 2016-2017 à 917 643 094 $ en 2021-2022. On constate aussi cette explosion en pourcentage de la masse salariale totale – de 1,48 % en 2016-2017 à 5,42 % en 2021-2022.
La catégorie 1 du personnel – infirmières, inhalothérapeutes, etc. – monopolise généralement l’attention quand il est question d’agences de main-d’œuvre privées. Pourtant, le coût dans cette catégorie de 2016 à 2022 a été d’environ 861 millions de dollars, alors que c’est la catégorie 2 – celle des préposés aux bénéficiaires, à l’entretien et à la salubrité, ouvriers spécialisés, etc. – qui a la part du lion, avec plus de 1,5 milliard de dollars.
« Ces données fracassantes sont extrêmement inquiétantes pour la population du Québec. On vide rapidement le réseau public de son personnel, qui se fait ensuite embaucher par des agences privées qui leur offrent de meilleurs horaires. C’est un cercle vicieux et une insulte pour les travailleuses et travailleurs qui restent dans le réseau! En plus, la main-d’œuvre des agences coûte environ un tiers de plus aux contribuables que la main-d’œuvre interne, même en tenant compte des avantages sociaux. L’argent gaspillé en main-d’œuvre d’agence doit plutôt être investi dans la main-d’œuvre publique pour améliorer les conditions de travail et assurer une meilleure rétention », d’expliquer la présidente de la FTQ, Magali Picard.
« La main-d’œuvre d’agence est éphémère, elle arrive puis repart rapidement. Elle n’a pas le temps de bien prendre connaissance de l’établissement, des patients, des collègues, du matériel, etc. Son utilisation est contraire au principe de continuité des soins, qui est fondamental. Donc, l’augmentation du recours aux agences est un signe certain de détérioration de la qualité des soins et services, et c’est la population qui en souffre », d’ajouter le président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP), Maxime Ste-Marie.
« Nos attentes quant au projet de loi du gouvernement de la CAQ sur l’encadrement de cette main-d’œuvre dite «indépendante» sont claires : de viser une utilisation zéro de ces agences et de ramener le personnel dans le réseau public. Il n’y a pratiquement aucune raison de recourir à ces agences sinon d’enrichir des intermédiaires inutiles. Il faudra donc rapatrier tout ce personnel dans notre réseau en rendant les conditions de travail attrayantes », de conclure la présidente de la FTQ.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente plus de 600 000 travailleurs et travailleuses.