Les nouvelles normes de soins de longue durée publiées aujourd’hui ne seront utiles que si le gouvernement libéral tient sa promesse de leur donner force de loi, selon le Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente 90 000 travailleuses et travailleurs en soins de longue durée.
« Les normes volontaires n’ont pas protégé les 17 000 résidentes et résidents des foyers de soins de longue durée qui sont décédés jusqu’à présent à cause de la COVID-19. La population veut qu’on protège mieux nos personnes âgées », a affirmé la secrétaire-trésorière nationale du SCFP, Candace Rennick.
« Ce pays a besoin de normes qui ont force de loi. Les gens ont besoin de savoir que leurs proches passeront leurs derniers jours dans le respect et la dignité. Ils doivent savoir qu’il y aura des pénalités et des conséquences pour les entreprises qui ne respectent pas les règles », a-t-elle ajouté.
Les nouvelles normes de l’Organisation de normes en santé (HSO) apportent des améliorations, mais elles ne vont pas assez loin.
Un des facteurs les plus importants de la qualité des soins de longue durée, ce que la COVID a d’ailleurs démontré, est absent : l’obligation d’offrir des soins publics et sans but lucratif. Durant la pandémie, le taux de mortalité dans les foyers à but lucratif était presque deux fois plus élevé que dans les établissements municipaux et sans but lucratif. Il n’y a donc pas de place pour le profit dans les soins de longue durée.
Les normes annoncées reconnaissent qu’une personne en soins de longue durée a besoin d’un minimum de 4,1 heures de soins directs par jour comme l’illustre aussi les données probantes. Malheureusement, les normes ne vont pas jusqu’à exiger ce nombre minimum d’heures. Les normes demandent aussi aux foyers d’élaborer un plan de dotation en personnel qui comprend un seuil minimum de main-d’œuvre pour fournir des soins adéquats, mais elles ne recommandent pas une augmentation de la dotation. Le SCFP a fait valoir que les normes doivent énoncer explicitement ce minimum de 4,1 heures de soins directs et qu’au moins 70 % des emplois dans les soins de longue durée devraient être permanents à temps plein. Consolider ces deux normes améliorerait considérablement les conditions de travail et de soins dans les établissements.
Mais, indépendamment de toute amélioration future, c’est la nature volontaire des normes qui pose le plus problème. S’il y avait des normes strictes, obligatoires et bien financées, les gens pourraient s’attendre à voir de réels changements dans les soins de longue durée. Comme ce n’est pas le cas, ces normes ne permettront vraisemblablement pas d’améliorer les soins. Sans législation pancanadienne, la mosaïque actuelle de pratiques, les normes et les exigences variant d’une province à l’autre, sera maintenue, même si elle a tragiquement échoué pendant la pandémie.
« Justin Trudeau doit tenir sa promesse de protéger les personnes âgées vulnérables. Le gouvernement doit intervenir et faire ce qui est juste. Les soins de longue durée doivent être pleinement intégrés à notre système public de santé. On doit les intégrer à la Loi canadienne sur la santé, ce qui en ferait un service de santé financé par les gouvernements, fourni par les gouvernements et accessible à tout le monde », a conclu le président national du SCFP, Mark Hancock.