Tria Donaldson | Employée du SCFP
Aline Patcheva | Employée du SCFP
Karla Sastaunik est présidente du SCFP 4784 et coprésidente du Comité national des femmes du SCFP. Elle est également aide-éducatrice dans une école de la division scolaire Good Spirit en Saskatchewan.
Elle adore travailler auprès de tous les élèves, mais plus particulièrement les élèves ayant des besoins particuliers, nécessitant plus de ressources de soutien à l’apprentissage ou qui sont nouvellement arrivés au Canada. Fière défenseure des élèves, elle est déterminée à se battre pour un meilleur système d’éducation en Saskatchewan.
Question 1
Comment êtes-vous devenue aide-éducatrice et qu’aimez-vous de votre travail ?
Dans ma jeunesse, j’ai été inspirée par mon père qui était enseignant et directeur adjoint d’une école. Il était très impliqué dans la communauté, il l’est encore d’ailleurs, à 75 ans. Il nous a élevés en nous disant de faire partie de la solution. Quand j’avais 13 ans, j’ai commencé à garder un enfant né avec un handicap. J’ai toujours su que je voulais travailler auprès d’enfants en situation de handicap. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai obtenu un certificat d’aide-éducatrice ; j’étais ravie de travailler dans ma communauté.
J’adore la magie qui se produit lorsqu’un enfant aime ou comprend quelque chose pour la première fois. Il peut s’agir de lacer ses chaussures ou d’apprendre à résoudre un problème mathématique. Les aides-éducateurs et aides-éducatrices établissent avec ces élèves une relation différente de celle avec le personnel enseignant, et je me sens bénie de faire partie de leur vie.
Question 2
En quoi le personnel de soutien scolaire comme vous est essentiel au développement et à la persévérance des élèves ?
Nous jouons un rôle essentiel dans le système scolaire. Nous fournissons un soutien intensif et inconditionnel aux élèves, quelles que soient les circonstances. Nous sommes parfois le seul adulte qui les défend et les voit tels qu’ils et elles sont vraiment. Ce sont des relations spéciales. Nous nous soucions d’eux comme de nos propres enfants. Nous veillons à répondre à tous leurs besoins, qu’il s’agisse d’un soutien personnel, de temps pour revoir un concept ou faire un devoir, ou même, pour les enfants issus de l’immigration, de l’aide pour apprendre à parler anglais.
Question 3
Quels défis la pandémie a-t-elle engendrés au cours des deux dernières années ? Comment avez-vous dû vous adapter ?
De nombreux élèves ont d’énormes lacunes en matière d’apprentissage en raison de la pandémie.
Je travaille avec des enfants qui ont des besoins importants. Ces enfants n’utilisent pas facilement la technologie et ont souvent du mal à communiquer en ligne. Sans apprentissage en personne, nous avons perdu bon nombre des gains que nous avions réalisés. Dans certains cas, sans interventions quotidiennes, leur élocution ou leur développement a régressé.
Puis, de nombreux élèves ont pris du retard en mathématiques et en anglais. C’est difficile de les remettre sur la bonne voie et il n’y a pas assez de personnel de soutien pour tout le monde.
Question 4
Comment votre profession est-elle affectée par les années de vaches maigres conservatrices en matière d’éducation publique en Saskatchewan ?
Les coupes dans le financement de l’éducation en Saskatchewan ont de graves répercussions sur les élèves. Plus que jamais, il y a un grave manque de personnel de soutien scolaire et de personnel enseignant. Je fais ce travail depuis 35 ans et mon horaire de travail a diminué. Je pouvais passer plusieurs heures par semaine avec les élèves d’une classe donnée. Maintenant, je n’ai que quelques minutes pour essayer d’atteindre les mêmes objectifs.
Et les aides-éducatrices sont majoritairement des femmes. Le salaire est bas. Beaucoup de nos membres ont du mal à joindre les deux bouts et doivent occuper plusieurs emplois. C’est particulièrement difficile pour les familles monoparentales.
Ce n’est pas un problème au niveau de la division scolaire, c’est du ressort du gouvernement provincial.
Le Parti saskatchewanais prétend qu’il a amélioré et augmenté le financement des divisions scolaires, mais ce n’est que de la poudre aux yeux. La plupart des divisions font face à un déficit budgétaire ; elles ont dû couper. Ma division a reçu une augmentation de 0,83 %, alors que l’inflation grimpe en flèche. C’est impossible de maintenir les services en classe et, à cause de la réduction des services, les élèves ne reçoivent pas l’éducation qu’ils et elles méritent.
Question 5
Que fait votre section locale pour lutter contre les compressions budgétaires et mobiliser la population en soutien au personnel scolaire ?
Au SCFP 4784, nous travaillons fort pour que le public comprenne ce que fait le personnel de soutien. Ce n’est pas une tâche facile dans un bastion conservateur. Tout le monde en ville sait de quel côté je vote, j’essaie de faire connaître mon opinion et d’éduquer les gens sur ce qui est à risque dans la communauté.
Tout commence avec nos membres et les gens avec qui je travaille. Les membres du SCFP 4784 participent à des activités communautaires de sensibilisation : soirées de natation et de patinage, bourses d’études. Nous écrivons des lettres aux député(e)s et faisons du lobbyisme, tout en veillant à ce que notre travail syndical n’aliène pas les gens. Nous entretenons de bonnes relations avec notre employeur et, par conséquent, nous sommes capables de le rencontrer pour travailler ensemble à faire connaître nos problèmes.
Question 6
Quel est votre plus grand espoir pour l’avenir ?
La voie que ce gouvernement a empruntée en imposant des restrictions financières aux divisions scolaires n’est pas viable. Elle nuit à tous les élèves et à toutes les familles de notre province. Le moment est venu de réinvestir en éducation. Nous ne pourrons peut-être pas changer le gouvernement, mais nous pouvons exiger qu’il nous écoute et qu’il agisse.
Mon objectif, en tant qu’aide-éducatrice et en tant que syndicaliste, est de m’assurer que notre système d’éducation publique soutienne les élèves, afin qu’après l’obtention de leur diplôme, ils et elles aient les compétences nécessaires pour réussir et être heureux là où l’avenir les mènera, que ce soit dans un programme de jour, sur le marché du travail, dans un métier spécialisé ou à l’université. Je ne fais pas ça pour l’argent, bien que je ne refuserais pas une augmentation. Je le fais pour ces jeunes qui sont notre avenir.