Cheryl Oates | Employée du SCFP
Au printemps de 2019, l’ex-ministre fédéral Jason Kenney était candidat au poste de premier ministre de l’Alberta. Debout derrière un podium dans une salle de classe décorée de roues de couleur et de diagrammes, il a promis de redonner tout son sens au système scolaire.
Trois ans après son entrée en fonction, le Parti conservateur uni (UCP) a tout fait sauf mettre de l’ordre dans les salles de classe de l’Alberta. Année après année, il a affamé le système scolaire public pour donner plus d’argent au secteur privé.
Plus tôt cette année, Jason Kenney annonçait un nouveau financement opérationnel de 25 millions de dollars pour les écoles à charte de l’Alberta. Cette enveloppe est assortie de 47 millions de dollars supplémentaires en capitaux. Pendant ce temps, la maigre augmentation de 1,7 % prévue dans le budget de l’UCP n’a même pas couvert le coût de l’inflation et de la croissance démographique.
L’UCP a aussi fait de son mieux pour bâillonner ses opposants par l’entremise de lois antidémocratiques destinées à limiter la capacité des syndicats à s’organiser, ainsi qu’à museler les travailleuses et travailleurs qui lui disent ses quatre vérités.
Jason Kenney et l’UCP ont voulu faire croire à la population albertaine que ces changements radicaux étaient dans son intérêt. Ils dissimulent leur idéologie antiouvrière sous la rhétorique du choix personnel, de l’efficacité et de la gestion budgétaire responsable. Mais derrière ce jargon se cache un programme politique dangereux qui vise à décentraliser et à privatiser les services publics de la province.
En réalité, les dernières années de sous-financement et de compressions dans le secteur de l’éducation ont eu de graves répercussions sur la qualité de l’éducation publique en Alberta et sur l’expérience des élèves.
La taille des groupes augmente, pendant qu’on demande constamment au personnel scolaire d’en faire plus avec moins. Cette année seulement, le gouvernement finance 1 000 postes d’enseignant(e)s de moins que lorsque l’UCP a pris le pouvoir en 2019. Le ratio d’élèves par enseignant(e) ne cesse de gonfler.
Les aides-éducateurs et aides-éducatrices qui viennent en aide aux élèves ayant des besoins particuliers ont vu diminuer leur horaire de travail, ce qui rogne leur salaire déjà inférieur au seuil de la pauvreté. Les élèves desservis ne reçoivent plus l’aide supplémentaire qu’ils méritent pour réussir ; ils prennent du retard.
Le moral est au plus bas. De plus, la réforme idéologique des programmes scolaires menée par le gouvernement Kenney tourne le fer dans la plaie du personnel de l’éducation publique qui tente de trouver une solution à la situation actuelle. Après avoir formé le gouvernement, l’UCP a abandonné une vaste révision du curriculum, déjà entamée, en faveur d’une réforme dirigée par un comité consultatif nouvellement nommé.
Un groupe diversifié d’Albertaines et d’Albertains ont critiqué le programme dont ce comité a accouché comme étant raciste, eurocentrique et inadapté à l’âge des élèves. Malgré le tollé, ce curriculum devrait être implanté dans certaines écoles dès cet automne.
Alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre Jason Kenney et l’UCP, le gouvernement fait tout son possible pour faire taire ses détracteurs.
En juillet 2020, le gouvernement Kenney a présenté le projet de loi 32 qui élimine d’importantes protections en matière de normes d’emploi. Il s’en prend aussi à la capacité des syndicats à représenter leurs membres et à plaider pour de meilleures conditions de travail. Ces changements affectent spécifiquement les activités des syndicats, mais l’ensemble de la population albertaine devrait s’inquiéter de la menace qui pèse sur ses droits fondamentaux.
Les conséquences de tels changements se répercutent souvent aux quatre coins de la société.
Accablé par les répercussions de la COVID-19, le gouvernement Kenney n’a pas eu la capacité de véritablement mettre son programme en marche. Le 18 mai, Jason Kenney a démissionné, nous donnant raison face à nos revendications. Mais notre combat contre les projets antiouvriers, antisyndicaux et anti-albertains du gouvernement conservateur doit se poursuivre, peu importe qui sera à la tête du parti.
Les conservateurs maintiennent leur plan de privatisation et de démantèlement des services publics et le projet de loi 32 est toujours à l’ordre du jour. Le parti reste concentré sur lui-même et distrait par le désarroi interne et les luttes intestines, au lieu d’être préoccupé par les enjeux qui comptent pour les familles albertaines. Un nouveau mandat à l’issue des prochaines élections provinciales, prévues le 29 mai 2023, leur permettrait de redoubler d’ardeur dans leur poursuite de la privatisation des services publics.
Sont menacés : la qualité de l’éducation primaire et secondaire, des milliers d’emplois dans le secteur public et les droits constitutionnels des travailleurs et des travailleuses. Malgré la promesse de l’UCP, ce gouvernement ne fait aucun sens.